John S. Spong, désormais en retraite, a eu un long ministère d’évêque dans l’Église épiscopalienne des États-Unis au cours duquel il s’est efforcé de ranimer la flamme de la foi au coeur de ses fidèles. En une activité inlassable, il a écrit dans les bulletins de son Église des centaines de lettres pastorales en réponse aux questions les plus diverses, il a visité les paroisses et fait de très nombreuses conférences où il dialoguait librement avec tous les participants. Il a écrit de nombreux livres, dont celui-ci est le 5e à être publié en français.
Il s’est toujours situé au côté de ceux qui avaient du mal à conserver la foi traditionnelle de leur enfance. Pour eux, il a repris et vulgarisé, présenté de manière claire et attrayante les réflexions théologiques et les découvertes bibliques des principaux théologiens modernes, notamment Paul Tillich.
Son enthousiasme communicatif, la profondeur de son engagement spirituel, l’honnêteté avec laquelle il réfléchissait aux grands problèmes théologiques, récusait les affirmations devenues désormais non crédibles et proposait des compréhensions nouvelles adaptées aux exigences intellectuelles des esprits d’aujourd’hui, ont fait de lui un des grands proclamateurs de l’Évangile pour notre XXIe siècle.
Sa rigueur et sa ferveur l’ont fait connaître dans tout le monde anglophone : il a voyagé en Angleterre, en Australie, en Nouvelle-Zélande. Il est aussi venu à Paris. Ses livres ont été traduits dans de très nombreuses langues.
Il aborde dans ce livre tous les sujets sensibles, avec une remarquable érudition théologique sans pourtant jamais tomber dans des explications abstraites. Il survole ainsi avec passion toute la foi chrétienne et dénonce les formulations rebutantes qui détournent les gens de la foi : Dieu, Jésus le Christ, le péché originel, la naissance virginale, les miracles, la théologie de la rédemption, Pâques, l’ascension, l’éthique, la prière, la vie après la mort, l’universalisme.
En voici deux exemples. Dieu. C’est le chapitre le plus important. À la suite de Paul Tillich, il récuse la notion d’un Dieu demeurant en dehors des limites du monde, doté d’un pouvoir surnaturel, et qui interviendrait périodiquement dans l’histoire pour répondre à des prières ou imposer la volonté divine.
Il dit faire plutôt l’expérience de Dieu comme Source de la Vie, de sorte que la seule façon appropriée de le glorifier est de vivre pleinement.
Il dit faire l’expérience de Dieu comme Source de l’Amour qui rend la vie plus intense, de sorte que la seule façon de le glorifier est d’aimer sans compter.
Et l’expérience de Dieu comme le Fondement de l’Être de sorte que la seule façon de le glorifier est d’avoir le courage d’être tout ce que je peux être.
Vivre pleinement, aimer sans compter et à avoir le courage d’être tout ce que l’on peut être.
Il fait remarquer que c’est parce que nous savons que notre vie humaine est impuissante et limitée que nous disons de Dieu qu’il est infini et immortel. Parce que nous nous savons limités en connaissances que nous le définissons comme omniscient. Parce que nous sommes angoissés que nous attendons de lui la sécurité qui nous manque.
La prière. Spong met en garde contre une notion perverse de Dieu qu’une prière irréfléchie ferait naître. Il ne faudrait pas que nous nous situions inconsciemment devant un Dieu qui ne guérirait pas les maladies et ne mettrait pas un terme aux guerres et à leurs souffrances si nous ne le lui demandions pas. Et même qui ne le fait guère même quand nous le lui demandons. Pour lui, la prière, débarrassée de toute magie et de la notion de miracle, est la méditation de la présence de Dieu et de sa transcendance et le souci de partager avec autrui les dons de la vie, de l’amour et de l’être. Ardeur, entrain, ferveur, flamme, souffle, zèle voilà l’esprit qui se dégage de ce livre qui est, en quelque sorte, le testament de tout le ministère épiscopal de l’évêque John S. Spong.
John Shelby Spong, Pour un christianisme d’avenir, Paris, Karthala, 2019, 272 pages.
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