Ô Joie, belle étincelle divine,
Fille de l’Élysée,
Nous entrons ivres d’enthousiasme,
Ô Déesse, dans ton sanctuaire.
Tes charmes réunissent
Ce que la mode sépare ;
Tous les hommes deviennent frères
Là où tes douces ailes reposent.
La joie est le moteur puissant
Dans l’éternelle nature.
La joie, la joie fait tourner les rouages
Dans la grande horloge du monde.
Elle fait sortir les fleurs de leurs germes,
Briller le soleil au firmament,
Rouler dans l’espace les sphères
Que l’astronome ne connaît pas.
Joyeux comme le soleil qui vole
À travers les splendides plaines du ciel,
Courrez, frères, votre carrière,
Heureux comme le héros qui court à la victoire.
Du miroir étincelant de la vérité
La joie sourit à celui qui la cherche.
Sur le sentier escarpé de la vertu
Elle soutient les pas du malheureux.
Sur les hauteurs rayonnantes de la foi
On voit flotter sa bannière,
À travers l’ouverture des sépulcres brisés
Elle se tient dans le chœur des anges.
On ne peut récompenser les Dieux,
Il est beau de leur ressembler.
Que les pauvres et les affligés se mêlent,
Et se réjouissent avec les joyeux.
Que la haine et la colère soient oubliées,
Que notre ennemi mortel soit pardonné,
Que nulle larme ne fatigue ses yeux,
Que nul remords ne le ronge.
Anéantissons le souvenir des offenses !
Que le monde entier soit réconcilié !
Frères, au-dessus du dôme des étoiles,
Dieu juge comme nous jugeons.
Affranchissement des chaînes de la tyrannie,
Générosité envers le méchant,
Espoir sur le lit de mort,
Grâce sur l’échafaud !
Que les morts vivent aussi !
Buvez, frères, et répétez à la fois
Que tous les péchés soient pardonnés,
Et que l’enfer ne soit plus !
Une douce gaieté à la dernière heure !
Un doux sommeil dans le tombeau !
Frère, une sentence de paix
Sur les lèvres de Celui qui juge les morts !
Friedrich v. Schiller
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