Deux liards couvriraient fort bien toutes mes terres, Mais tout le grand ciel bleu n’emplirait pas mon cœur. dit le jeune Aymery.
Victor Hugo, La Légende des siècles
Tillich dit que Dieu n’est pas un Être tout-puissant demeurant ailleurs dans le ciel mais qu’il est le Fondement de tout être.
C’est en lui que nous puisons le courage d’être, la force d’affronter la vie et le monde ainsi que l’esprit de fraternité qui nous manquent souvent. Je ne voudrais naturellement pas critiquer Paul Tillich, mais je trouve que comparer Dieu à un fondement donne de lui une image froide et dure.
J’aime le « grand ciel bleu » qu’Aymery sent en son cœur. J’y trouve un souffle, une immensité, un élargissement de la pensée et de la dimension intérieure, du moi.
L’évangéliste Luc avait imaginé à Noël « toute l’armée des cieux » venue dans le champ des bergers : quelle vision magnifique que celle du ciel entier présent parmi les hommes. Luc dira plus loin : « le royaume de Dieu est parmi vous ». On peut comprendre aussi et j’aime cette interprétation : « il est en vous » (Luc 17 21).
Le rêve d’Aymery répond à celui de Martin Luther King (« J’ai fait le rêve qu’un jour dans les montagnes rouges de Géorgie » etc.), à l’enthousiasme du petit David face au géant Goliath, à l’ouverture du regard du Christ sur le monde lorsqu’il reprenait les paroles du prophète Ésaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres, guérir les cœurs brisés, proclamer aux captifs la délivrance » (Luc 4.)
Ces paroles nous appellent à ne pas réduire le regard que nous jetons sur le monde à notre seule petite personne et à ne pas imaginer Dieu comme mesquin, susceptible et fasciné par nos misérables péchés.
Élargissons donc notre pensée à la dimension du monde afin que, dans notre construction de la cité d’aujourd’hui et de demain, nos poumons soient gonflés par le Grand Souffle de Dieu.
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