Nous n’avons jamais été aussi informés qu’aujourd’hui. Notifications de nos smartphones, chaînes d’information continue ou vaste monde d’Internet, nos outils sont innombrables. Chose heureuse, conséquence et condition de nos libertés démocratiques.
À cette information permanente – s’imposant à nous plus que nous ne la mobilisons – répond une injonction permanente à prendre position. La succession de Johnny Hallyday en est une flagrante illustration, affaire jugée par tous, les uns du côté des « déshérités » les autres de la « marâtre », et ce sans aucune connaissance solide du fond. Si cela relève de l’anecdotique, d’autres enjeux, notamment d’autres affaires judiciaires, traitées avec autant de légèreté, portent davantage à conséquence.
Notre sur-information est en réalité une illusion sonore car, sur-mobilisés par l’actualité, nous sommes trop souvent sous-informés. Notre société traverse une crise de l’expertise et de l’information, et n’importe qui est désormais appelé à donner n’importe quand son opinion sur n’importe quoi, même s’il n’en sait rien. Tous les complots sont alors possibles et toutes les factions se radicalisent. Nos débats deviennent des impasses. Et notre démocratie, un cul-de-sac.
Comme si, ne voyant que l’écume, nous affirmions que la mer est blanche. Pour s’attirer nos suffrages, d’aucuns affirmeraient que c’est la vérité de bon sens et que ces experts qui nous expliquent rationnellement que la mer est bleue ne sont qu’une élite prédatrice. Dans le bruit informe de l’actualité, toutes les confusions peuvent être entretenues.
Le défi de nos démocraties est de trouver un équilibre rejetant aussi bien le silence despotique des technocrates que le vacarme d’un caquetage aussi permanent que fondé sur peu de choses. Préférons à ces excès la sérénité d’une humilité fraternelle, indispensable à l’exercice collectif de la souveraineté. Ainsi que le dit Rousseau aux premières lignes du Contrat social : « né citoyen d’un État libre, et membre du souverain, quelque faible influence que puisse avoir ma voix dans les affaires publiques, le droit d’y voter suffit pour m’imposer le devoir de m’en instruire. »
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