Le livre commence avec l’image d’un petit bateau blanc à moteur qui transporte un fils et son père allant retrouver l’île, l’île de l’enfance avec sa petite ville, une maison en ruines et au-dessus du toit la frondaison d’un figuier. Des retrouvailles, dans une tonalité mélancolique, où le fils espère encore que le dieu puissant qu’était son père retrouve sa vigueur d’autrefois. Mais « la vie recommençait à se fissurer : une froide pâleur de mort voilait la transparence d’un sang chaud et exultant ; dans le cours d’une journée pleine de soleil, vécue dans la liberté de la lumière et du vent, survenait un marasme, un confinement étouffant, où le cerveau se dissolvait et où l’âme couvait ses peurs ». Dans l’ombre de la mort qui rôde autour de son père, le fils se révolte contre ce mal insidieux et cruel qui s’acharne contre un organisme solide et sain. Dans cette ultime rencontre et malgré des paroles qui ont du mal à être formulées, la complicité d’antan renaît et oublieux d’eux-mêmes, leur parole devient libre et leur regard direct et sans détour. Giani Stuparich est né à Trieste en 1891 et mort à Rome en 1961. Sa mère était juive et son père istrien d’origine slave et autrichienne. L’île est considérée comme son chef d’œuvre.
Giani Stuparich, L’île, Lagrasse, Verdier, 2006 (1942), 90 pages.
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