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Beaucoup de bruit et pas pour rien

 

Le livre qui m’a le plus marquée est Much Ado About Nothing ( Beaucoup de bruit pour rien) de William Shakespeare. C’est ma mère qui me l’a mis entre les mains, dans une version bilingue, alors que j’avais une dizaine d’années, après m’en avoir fait découvrir une adaptation au cinéma par Kenneth Branagh (sortie en 1993). La beauté de l’anglais de Shakespeare est pour moi indescriptible. Je suis hermétique à la poésie en français mais l’anglais de Shakespeare porte en lui, pour mon oreille, une sonorité percutante, une magie même, et ce depuis la première fois que j’ai découvert les dialogues de cette pièce de théâtre.

L’intrigue est simple. Deux compagnons d’armes vont tomber amoureux de deux cousines. Un romantisme un peu simplet inciterait à s’attacher au couple d’amoureux qui se trouvent immédiatement mais la deuxième rencontre est celle qui m’a marquée. Benedick, célibataire endurci, se querelle dès qu’il en a l’occasion avec Beatrice, flamboyante, vive et taquine, qui ne lui fait aucun cadeau. Les moqueries fusent, font mouche, la fierté de chacun est mise à rude épreuve par les traits d’esprit de l’autre. Beatrice et Benedick ne peuvent pas se supporter. Un jour, leurs amis décident de leur jouer un tour et de leur faire croire à chacun que l’autre, en réalité, se meurt d’amour. C’est alors une sorte de chemin de Damas. Leurs yeux s’ouvrent. Cette frénésie de moqueries, cette soif de saisir l’autre dans ses failles, c’est de l’éros qui ne dit pas son nom.

Beatrice me semblait être un modèle d’identification à proposer aux jeunes femmes. Indépendante, sûre d’elle, vive mais rendue vulnérable par l’amour. La vraie rencontre n’est-elle pas celle qui est totalement inattendue ? Celle qui nous fait ouvrir les yeux sur un autre que jamais nous n’aurions pensé pouvoir aimer ? Quant à l’amour, c’est tellement mieux quand il s’accompagne d’une virtuosité dans les échanges, quand il apprend à rire de soi, quand de la parole échangée naît le désir. C’est ce que ce livre m’a appris à rechercher devenue adulte.

 

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À propos Abigaïl Bassac

est titulaire d’un master de l’École Pratique des Hautes Études (section des sciences religieuses) et étudiante en master de théologie à Genève. Elle est assistante des enseignants à l’Institut Protestant de Théologie et directrice de la rédaction d’Évangile et liberté.

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