Notre époque est bien moche. À vrai dire, c’est le cas de toutes les époques. Aujourd’hui, ici, nous pleurons les victimes du terrorisme, ailleurs certains souffrent de la famine tandis que d’autres, fuyant un pays laminé par une guerre, risquent leur vie pour traverser des mers. Il n’y a pas si longtemps, c’était le temps des guerres mondiales et de leur lot d’horreur comme Hiroshima ou Auschwitz. Avant cela, il y a eu des périodes d’épidémies qui décimaient des villes entières. Oui, notre monde est bien moche, il l’a toujours été, ce n’était pas mieux avant. On peut regarder son époque ainsi, et se sentir accablé, se dire que la vie n’est qu’une succession de catastrophes. Et pourtant. Pourtant, on peut aussi regarder ce qui va. Les progrès de la médecine, l’alphabétisation galopante sur tous les continents, l’abolition de lois à vomir, qui forçaient des femmes à épouser leur violeur. Il y a de nombreux motifs de réjouissance, pour peu que l’on accepte d’adopter un certain regard. Et surtout, il y a les autres.
Les autres, ce sont certes les fanatiques en tout genre qui tentent de détruire la vie sur leur passage, mais ce sont aussi tous ceux qui permettent que la vie se déploie et s’intensifie. Ces autres, ce sont des quasi inconnus, dont la parole vous interpelle, des amis, des auteurs, des compositeurs. Il y a Paul, qui vous demande « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, que t’en glorifies-tu ? », il y a une petite fille d’un an et demi qui cueille des marguerites et vous les offre, il y a une femme de quatre-vingts ans qui vous ouvre sa porte et vous raconte un pan de sa vie, et de notre siècle, il y a aussi Shakespeare, votre ami d’enfance, Mozart, Bach et tous les autres. Tous ceux qui ajoutent de la vie à la vie.
Oui, le paradis, c’est les autres.
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Un grand bravo, chère Abigaïl Bassac pour ce vigoureux acte de foi en l’Espérance. Cette parole de Paul nous révèle. Un ami d’ origine catholique et fâché par quelques encycliques « cruelles », selon ça formule, nous avait dit un jour : »quelque fois c’est trop beau. On a envie de dire merci. On a envie de dire « merci les arbres, merci les cailloux ». ». Alors il y a Jonas, qui dit finalement merci au ricin. Et, avec vous, nous avons envie de dire : »merci, tous les autres, bonan malan…. derrière lesquels un certain Jesus de Nazareth nous regarde. Il est vivant.