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L’individualisme ne fait pas l’égoïsme

Cercle de silence à Congénies en soutien aux réfugiés demandeurs d’asile. Photo http://www.maison-quaker-congenies.org.

Cercle de silence à Congénies en soutien aux réfugiés demandeurs d’asile. Photo http://www.maison-quaker-congenies.org.

La piété des quakers repose sur une expérience très personnelle du sacré, exprimée par l’expression « l’étincelle divine » qui, elle-même, se fonde sur l’expérience de la Pentecôte. L’Esprit descend sur chaque apôtre en particulier, sous la forme d’une langue de feu (Ac 2). La relation à Dieu est directe, sans intermédiaire. De cela, les quakers tireront des conséquences très concrètes : pas de clergé, pas même de pasteur, tout fidèle étant considéré comme pasteur ; pas de sacrements ni de rituels ; les offices, qui sont des réunions de recueillement, sont essentiellement des temps de silence, non pas du fait qu’il n’y aurait rien à dire, mais pour laisser à chacun la possibilité de rejoindre la profondeur de sa propre existence. Considérant que Dieu est d’abord au-dedans de soi, les quakers ont favorisé à l’extrême une individualisation de la croyance, quoi que ce terme soit impropre puisque les quakers ne se caractérisent ni par des croyances, ni par des doctrines.

Cela pourrait donner à penser que chacun pense ce qu’il veut, comme il veut, sans égard pour autrui. Pourtant, l’histoire des quakers révèle que cet individualisme n’a nullement provoqué d’égoïsme parmi les membres de cette communauté qui a d’ailleurs pris le nom de « société des Amis », ce qui est déjà tout un programme. Les combats pacifiques qu’ils ont menés montrent à quel point ils se sentent responsables de leurs prochains dont ils ont une définition particulièrement généreuse. En effet, Robert Barclay (1648-1690) écrivait que le don de l’étincelle divine est « non seulement pour toutes les sortes d’hommes, mais pour tous les hommes de toutes les sortes ». On ne saurait imaginer sens de la fraternité plus large que celui-ci. Or, ce ne sont pas seulement de bons mots, mais une réalité vécue pleinement comme l’atteste le traité conclu entre William Penn (1644-1718) et les Indiens qui résidaient sur la terre que lui avait octroyée le roi d’Angleterre. Nous y lisons : « Le Grand Esprit, qui règne dans le ciel et qui connaît le fond des cœurs – celui des hommes rouges comme celui des hommes blancs –, sait que notre désir est de vivre en paix avec vous, d’être vos amis. » Et plus loin, ce traité affirme : « Les chrétiens, aussi bien que les Indiens, raconteront à leurs fils l’amitié que nous avons conclue, afin qu’elle aille croissant. »

Peut-être la primauté de l’individu et cette spiritualité qui vise à approfondir l’intériorité expliquent-elles cette fraternité active : en cherchant sa singularité on trouve cette étincelle divine qui est un autre nom de l’Esprit. Or cet Esprit est ce qui nous met en relation avec les autres, ce qui nous donne accès à l’universel. En se cherchant véritablement, on découvre l’Ami.

À lire l’article de Françoise Tomlin  » Les Quakers :des libéraux avant la lettre ? « 

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À propos James Woody

Pasteur de l'Église protestante unie de France à Montpellier et président d'Évangile et liberté, l'Association protestante libérale.

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