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Introduction à l’évangile selon Jean

 

 

Cosmé Tura, Saint Jean à Patmos (1470). Madrid, Musée Thyssen-Bornemysza. Photo Wikimedia Commons

Cosmé Tura, Saint Jean à Patmos (1470). Madrid, Musée Thyssen-Bornemysza. Photo Wikimedia Commons

« Voyant que les autres avaient seulement relaté
les faits matériels, Jean, le dernier de tous, […] écrivit
l’évangile spirituel. »
Clément d’Alexandrie (210)

 

 

C’est l’évangile le plus tardif, écrit entre les années 90 et 110, en Syrie, ou peut-être en Asie Mineure. Il semble avoir fait l’objet de plusieurs rédactions successives, s’étendant sur plusieurs décennies, écrites par une « école johannique » dont la figure fondatrice est sans doute « le disciple que Jésus aimait ».

L’évangile de Jean est original, au sein des quatre évangiles, aussi bien d’un point de vue littéraire que d’un point de vue théologique. On n’y trouve ni les paraboles, ni les brèves sentences des évangiles synoptiques, mais d’importants discours, avec une grande unité de contenu. L’évangile de Jean trace un parcours d’approfondissement de la foi ; il est écrit dans un contexte de crise des communautés après leur exclusion des synagogues avec ses conséquences ; crise aussi pour ceux qui avaient espéré l’avènement rapide du Règne de Dieu.

Le vocabulaire de l’évangile de Jean lui est spécifique ; les termes les plus employés sont : Père, monde, juifs (« ceux qui ne comprennent pas », opposés aux disciples), aimer, vérité, savoir, témoigner, lumière… Par contre des notions, nombreuses dans les synoptiques, comme : conversion, prière, Royaume, baptême… ne se rencontrent qu’exceptionnellement chez Jean. Il remplace le terme « miracle » par celui de « signe », qui renvoie à une autre réalité que celle de la matérialité de l’acte. Les sept (nombre symbolique de la perfection) signes de l’évangile culminent dans le retour à la vie de Lazare (Jn 11), symbole du don de la vie en plénitude.

Jean utilise trois procédés littéraires caractéristiques : le malentendu, le langage symbolique et l’ironie. Malentendu avec Nicodème (Jn 3,3) : « naître de nouveau » ou « naître d’en haut », jouant sur le double sens de l’adverbe grec anôten ; ou encore avec la Samaritaine (Jn 4,10-16). Ce procédé permet à Jésus de développer le sens de la révélation. Langage symbolique avec, par exemple, les sept « Je suis » : Je suis le pain, la lumière, la porte, le bon berger, la résurrection la vérité et la vie, le chemin la vérité et la vie, la vraie vigne. Le double sens inhérent à ce langage permet d’exprimer la révélation de manière pédagogique. En outre, « Je suis » rappelle « Je suis qui je serai », révélation de Dieu à Moïse (Ex 3,14). Notons que « Je suis » est aussi prononcé par l’aveugle qui a retrouvé la vue (Jn 9,9) signifiant ainsi qu’il se reconnaît, lui aussi, fils de Dieu. Enfin l’ironie qui donne de la vie aux scènes rapportées, sert aussi à révéler l’humain à lui-même, comme avec Nicodème (« C’est toi qui es maître en Israël, et tu ne sais pas cela ! » 3,10).

Le thème central de l’évangile de Jean est la christologie. Louis Pernot, à partir de l’étude du Prologue, clé de lecture de l’évangile, commente cette christologie en précisant les points qui donnent souvent lieu à de mauvaises interprétations.

 

À lire l’article de Louis Pernot « Le Prologue de Jean »

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À propos Marie-Noële Duchêne

est enseignant-chercheur retraitée en Physique (université Paris-Sud Orsay). Depuis 2004, elle s’occupe du secrétariat de rédaction d’Évangile et liberté.

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