Depuis des années, nos gouvernants les laissaient à la rue, ne faisaient rien pour leur faciliter la vie, les suspectaient dans leurs témoignages sur les horreurs vécues. Puis, par la triste grâce d’une photo – et il ne faut pas bouder l’émotion quand elle ouvre à l’humanité – leurs paroles et leurs actes se sont retournés comme un gant. Les discours devinrent généreux et les places d’hébergements se multiplièrent miraculeusement pour les demandeurs d’asile. Mais pour combien de temps ? Comme Andy Warhol pronostiquait qu’avec la société médiatique tout le monde aurait dans le futur son quart d’heure de célébrité, est-ce le quart d’heure de générosité dans le monde des chaînes d’info continue ? Peut-être quand vous lirez ce billet, le quart d’heure sera-t-il déjà passé…
Dans le même temps, la porte se referme plus violemment pour les « immigrés économiques ». Ne fuient ils pas aussi une guerre, celle de l’économie capitaliste mondialisée ? Et les « réfugiés climatiques » ? Je ne sais et ne veux trier entre les malheurs. Tous ont risqué leur vie sur mers et routes, souvent côte à côte. Ici, leurs vies sans-papiers sont torturées à égalité : peur du contrôle policier, exploitations dans le travail, angoisse du lendemain…
À qui venir en aide ? Jésus refusait de faire le tri suivant les causes du malheur. Cela ne lui importait pas que, selon les croyances de l’époque, une personne soit aveugle à cause de son péché ou celui de ses parents (Jn 9,1 ss). Il ne regardait pas l’hier mais rencontrait la personne dans son aujourd’hui, répondait à son SOS, se faisait son prochain.
Et nous, reproduirons-nous des barrières « purs-impurs » entre les humains ? Ou saurons-nous, comme Jésus, saisir l’occasion de manifester dans ce monde la générosité de Dieu, l’Humanité des femmes et des hommes ? Nous sommes invités à faire vivre cette possibilité qu’une personne soit envoyée vers la vie, la sienne, et celle en commun… Entre la bénédiction et la sélection, il faut choisir…
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