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Le protestantisme et les dogmes

«Toutes les religions sont fausses par la surface qui est le dogme, et vraies par le fond qui est Dieu », écrivait Victor Hugo (Philosophie prose).

Le protestantisme n’a pas à proprement parler de dogmes, puisqu’il estime révisables, réformables tous ses enseignements. Par exemple les protestants libéraux critiquent la notion traditionnelle de Trinité, et cherchent une meilleure formulation, alors que dans le catholicisme elle est indiscutable. Pour les protestants, la Trinité n’est pas un dogme mais une doctrine. La doctrine, pour de nombreux théologiens protestants, exprime, reflète l’expérience religieuse. Une doctrine n’est jamais définitive ; elle peut et doit toujours être révisée, redéfinie avec le contexte culturel et historique. Le cartouche d’Évangile et liberté précise « la primauté de la foi sur les doctrines ». On croit en Dieu, on croit en Christ, on ne croit pas forcément dans les doctrines qui les concernent.

La Commission théologique internationale (1990) de l’Église catholique définit le dogme comme « une doctrine dans laquelle l’Église propose de façon définitive une vérité révélée ». Il s’impose donc aux croyants en tout temps et en tout lieu ; on ne peut le remettre en question ou le modifier. Le dogme est une affirmation promulguée solennellement par un concile ou par le pape usant explicitement de son infaillibilité. La « Transsubstantiation », l’« Immaculée Conception », l’« Assomption de Marie », l’« Infaillibilité pontificale » sont des dogmes qui ne sont reconnus par aucun protestant ; ils n’ont pas de fondement biblique.

La Réforme a posé des grands principes : l’Écriture seule, la Foi seule, la Grâce seule. « Principe » vient du latin principium qui veut dire « origine, fondement ». Pour les protestants, on doit donc critiquer les doctrines à partir des Écritures ; il faut toujours confronter l’enseignement de l’Église et nos croyances avec ce que dit la Bible. Mais la Bible n’impose pas une seule doctrine et une seule éthique; elle en admet plusieurs. Par contre elle disqualifie certaines conceptions de Dieu, certaines compréhensions du réel, certains comportements.

Quelle différence entre un dogme et un principe ? D’après André Gounelle (http://andregounelle.fr/vocabulaire- theologique/index.php) : « Un dogme exprime une proposition qu’il faut accepter ; le principe décrit une démarche à adopter ; le dogme définit des positions statiques, alors que le principe indique une marche à suivre, une manière de procéder pour formuler et discuter des doctrines. Le dogme ressemble à un édifice où il faut entrer et habiter sans rien y changer ; le principe évoque plutôt une route à suivre, un chemin à emprunter, autrement dit une méthode. »

André Bonnery, historien, met en lumière la primauté des raisons politiques sur les raisons théologiques, dans l’élaboration du dogme de la divinité de Jésus ; il confirme ainsi le fait que les protestants ont bien raison de se méfier des dogmes.

 

A lire le cahier d’André Bonnery « La querelle arienne : Jésus-Christ est-il Dieu ?« 

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À propos Marie-Noële Duchêne

est enseignant-chercheur retraitée en Physique (université Paris-Sud Orsay). Depuis 2004, elle s’occupe du secrétariat de rédaction d’Évangile et liberté.

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