Fès, au Maroc, voici quelques jours. Dans le cadre d’une rencontre avec cette Église, nous étions invités à un « concert de louange ». Non pas un concert de louanges à notre égard… Non, un vrai, un pur, un dur ! Là où on met la sono à fond pour chanter (bien d’ailleurs…) des cantiques aux paroles improbables : « autour du trône, pour l’agneau immolé » (sic !). Et pour mieux « comprendre » ces paroles, on les chante au moins quinze fois, tels des mantras ou des invocations magiques. Nous le savions, cette paroisse du Maroc est « pentecôtisante ». C’est toujours une expérience intéressante à vivre. Surprenante même ! On se met debout, on prie en levant les mains. Enfin, les autres… Pour ma part, j’observe. Je me dis intérieurement : « Dieu n’est pourtant pas sourd… pourquoi tant d’agitation ? » Mais je me dis aussi que parfois nos célébrations tombent dans l’excès inverse de la tristesse. Je me dis encore que ces jeunes (moyenne d’âge autour de 25 ans !) subsahariens trouvent là une manière d’exister dans un pays qui les rejette et ne fait que tolérer le christianisme, à condition qu’il ne soit pas marocain. Bref, me voilà dans mes pensées qui s’entrechoquent quand la chaleur me gagne. Non pas la chaleur « spirituelle » qui m’aurait fait perdre la raison, mais la chaleur tout court, mesurable en degrés Celsius.
Je sors prendre l’air et là, je découvre un « frère », qui me fait comprendre le sens de la louange. Il doit avoir quatre ans. Il ne veut pas aller au « concert », malgré les ordres répétés de sa mère. Petites larmes, provocations… Et voilà que la mère devant cet adorable visage, cède. L’enfant court dans le jardin, va vers l’aire de jeu. Je le regarde s’amuser sur le toboggan ; un vrai bonheur pour lui. Son sourire est radieux. Son sourire est vrai, ni « forcé » ni « liturgique ». J’entends le « bruit » d’à côté et partage le silence heureux de cet enfant. Il a tout compris : la louange est un sourire et une caresse de vie. Petit inconnu, tu es mon frère !
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