Il y a nos quatre évangiles et des évangiles apocryphes : des textes concernant Jésus, écrits plus tardivement que les autres et auxquels on accorde en général peu d’importance.
Il est vrai que certains de ces évangiles tardifs ont peu d’intérêt. À mesure qu’on s’éloigne des temps apostoliques, on a tendance à ajouter de plus en plus de merveilleux et de légendaire, rendant ces textes peu crédibles et inaptes à nous nourrir dans notre foi.
Mais cette séparation que l’on fait habituellement entre « canonique » (qui fait partie de notre Bible) et « apocryphe » (qui n’y est pas) est tout à fait artificielle et trompeuse.
En effet, « apocryphe » signifie : inauthentique, attribué faussement à un auteur. Or il y a bien des textes apocryphes dans nos écrits bibliques. Le Jean du quatrième évangile n’a certainement jamais écrit les épîtres qu’on lui attribue, Pierre n’est évidemment pas l’auteur des épîtres pastorales écrites sous son nom, et certaines épîtres de Paul pourraient bien être l’œuvre de successeurs de l’apôtre. Et même dans nos évangiles, il y a eu des additions postérieures : des récits d’apparitions ont été ajoutés tardivement, comme certains récits d’enfance, et le prologue de Luc est évidemment apocryphe. À l’inverse, il y a, relégués dans ces « écrits apocryphes chrétiens », des textes d’une immense importance, et se référant certainement à une tradition au moins aussi antique que nos évangiles ; il n’y a qu’à penser à L’évangile de Thomas, témoin unique des logia à l’origine de nos évangiles, ou aux courts mais essentiels textes de L’évangile secret de Marc que certains considèrent comme authentiques.
Cette division est artificielle, et on ne peut donc pas considérer comme « parole de Dieu » tout ce qui serait dans la Bible, et comme « parole humaine » ce qui serait en dehors. La limite entre les deux domaines est arbitraire. Tout texte mérite attention, et demande une lecture critique, qu’il soit dans la Bible ou en dehors
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