J’étais en Floride pour un colloque, en octobre dernier. Le matin
je suis sorti me promener un peu au bord de la mer. Il n’y avait
personne. Je priais en m’aidant d’un chapelet de l’Église orthodoxe
russe. Un homme est venu à ma rencontre sur la plage. Il avait l’air
arabe et je reconnais que cela m’a ennuyé. J’ai eu honte de penser que
j’étais victime de cet absurde sentiment paranoïaque que je dénonçais
moi-même constamment. Il m’a adressé la parole :
— Vous lisez quelque chose ?
J’ai répondu :
— Je prie.
— Êtes-vous musulman ?
— Je suis chrétien.
— Quelle est votre prière ?
— Je répète : « Seigneur Jésus-Christ aie pitié de moi. »
— Que se passe-t-il quand vous priez ?
J’ai réfléchi un instant :
— Je demande d’être uni au Christ.
Il m’a alors dit que son père avait l’habitude de prier avec un chapelet
semblable au mien. J’ai demandé :
— Quelle était sa prière ?
— Il répétait : « Allah, Allah, Allah »
— Que se passait-il quand il priait ?
— Il disait que son coeur se purifiait et qu’il se sentait uni à Dieu.
Nous étions frères, lui et moi, malgré nos différences, et je sentis la
joie monter en moi. Ma petite appréhension du début avait fait place à
la paix. J’expérimentais la paix que la prière apporte dans le tumulte du
monde.
Là où il y a angoisse, colère, amertume, crainte, esprit de vengeance
aussi, elle met la compassion de Dieu et son pardon.
Mgr Frank Griswold, président de l’Église épiscopalienne des États-Unis
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