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Le handicap, accepter la différence

«Handicap », quel drôle de nom ! Ce terme d’origine anglaise, qui signifie « main dans le chapeau », est attesté depuis 1754 pour les courses de chevaux : le handicap avait pour but d’égaliser les chances des concurrents en pénalisant les plus forts.

  De tous temps, les sociétés ont élaboré des théories pour expliquer la survenue d’une déficience : la colère des dieux, le péché des hommes… De ces théories découle la manière dont on considère et traite les personnes handicapées. Inconsciemment, nous en gardons tous une trace.

  Le terme « personne handicapée » a progressivement remplacé les termes infirme, paralytique, aveugle, sourd, boiteux, débile, etc. Le mot « handicap » est-il moins dévalorisant ou fait-il moins peur ?

  Pourquoi la confrontation au handicap reste-t-elle parfois difficile ?

  Dans notre univers culturel, axé sur le plaisir et la séduction physique, avoir un corps jeune, beau, et sans défaut (selon nos critères), fait figure d’impératif catégorique. Le handicapé est alors difficilement accepté.

  Nos cultures nous amènent à définir une normalité qui nous correspond ; se prenant soi-même comme modèle, on a du mal à trouver des repères face à un autre différent. La rencontre d’une personne limitée dans ses capacités fonctionnelles nous renvoie à notre propre vulnérabilité, à notre finitude, à notre condition d’être humain : « Et si c’était moi ? »

  Admis en théorie, le droit à la différence ne va pourtant pas de soi. Il existe un risque constant de marginalisation qui devient réalité lorsque l’autre se voit identifié à son altérité, quand le « différent » – handicapé, homosexuel, étranger – est réduit, dans tout ce qu’il pense, dit ou fait, à sa différence. Mais l’autre n’est jamais seulement différent : il a toujours quelque chose de commun avec moi. C’est par sa proximité que l’autre « différent » m’angoisse : « Et si, moi aussi… »

  Un autre problème qui se pose aujourd’hui, pour le bien-être des personnes handicapées, est la place importante de la compétition. Dès le plus jeune âge chacun est poussé à se comparer aux autres, à être plus fort, plus rapide, à les dépasser et pas seulement à se dépasser. Pourquoi ? Les humains ne savent-ils pas qu’ils sont tous différents et que chacun a sa propre valeur ? L’esprit de compétitivité de l’économie libérale obscurcit la vision du bonheur de l’homme.

  Il semble bien que l’acceptation de la différence, qui marque l’accès à l’altérité, soit une des tâches les plus difficiles de l’existence.

  Le docteur et professeur Michel Fardeau, directeur de recherche émérite au CNRS, professeur honoraire au Conservatoire National des Arts et Métiers, propose ici une réflexion sur la prise en charge du handicap aussi bien du point de vue médical que du point de vue social.

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À propos Marie-Noële Duchêne

est enseignant-chercheur retraitée en Physique (université Paris-Sud Orsay). Depuis 2004, elle s’occupe du secrétariat de rédaction d’Évangile et liberté.

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