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Le dernier repas, par Andy Warhol

Après La Cène de B. Buffet et celle de S. Patterson, Martine Grenier, historienne d’art contemporain, nous présente une Cène (parmi une centaine !) d’Andy Warhol.

Andy Warhol, le chef de file du Pop Art, utilise des images témoins de la consommation de masse qu’il reproduit jusqu’à saturation. C’est parce que La Cène de Léonard de Vinci (1495-1498) participe de notre culture et de notre mémoire collective que l’artiste, de confession catholique, s’y est intéressé au point de réaliser une centaine d’œuvres sur ce thème. Reproduite partout et sur n’importe quel support, devenue une icône de notre société, l’œuvre de Vinci a changé de statut, elle a perdu son caractère religieux. Warhol s’en est saisi comme d’un bien culturel quelconque au même titre que la boîte de soupe Campbell.

C’est sous l’impulsion de son marchand new-yorkais, Alexandre Iolas, que Warhol a entrepris cette série qui fut présentée en janvier 1987 dans une galerie milanaise située en face du couvent dominicain de Santa Maria Delle Grazie où se trouve la fresque originale. Une confrontation, original / reproduction, pouvait ainsi avoir lieu en direct.

Une grande partie des œuvres de cette série a été réalisée en sérigraphie. Warhol a travaillé d’après une reproduction noir et blanc, une copie XVIIIe de l’œuvre de Vinci. Doublement éloigné de l’œuvre originale, son travail lui permet de dénoncer à la fois la simplicité et la pauvreté des reproductions des œuvres artistiques ainsi que leur tendance à la dégénérescence kitsch. Grâce à cette technique, le motif originel peut être coupé, juxtaposé à l’endroit ou à l’envers, ou inversé. Par la répétition, Warhol pousse l’image originelle, reconnaissable, aux confins de l’abstraction. Cet effet est renchéri par l’emploi de la couleur indépendamment des formes. Le rouge qui envahit la toile est-il signe de vie, évocation de la transsubstantiation ou provocation ? La pratique religieuse de Warhol qui refusait de recevoir la communion et de se confesser irait plutôt dans ce dernier sens.

En mettant en scène une situation limite, la dénonciation de la perte du sens religieux de la Cène au profit d’une culture de consommation, cette œuvre prend valeur de véritable cri prophétique. Attention à notre relation à l’Église, station-service, et à notre relation à Dieu !

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À propos Martine Grenier

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