La démarche des auteurs de ce livre exigeant, dont le style se veut résolument universitaire, consiste à analyser les ultimes conséquences du mouvement de sécularisation à l’oeuvre dans nos sociétés : il est avancé que si on évacue tout ce qui relève de la conviction, du non immédiatement saisissable, on en vient à nier ce qui fait le propre de l’être humain. C’est cette tendance à tout neutraliser, à tout uniformiser, à tout fonctionnariser, à tout banaliser, que les auteurs appellent « le déni de l’excès ». Il n’y a pas seulement de la transcendance en Dieu, nous rappellent-ils, mais chaque être humain est lui-même traversé par « un excès » qui ne peut être intégré dans la réalité commune à tous. Du coup, dénier cet excès, c’est dénier ce qui fait l’homme, dans sa profondeur humaine et dans sa personnalité. Une telle réflexion a ceci d’original qu’elle n’est ni laïque ni religieuse, ni progressiste ni conservatrice, permettant ainsi d’envisager les mutations actuelles du monde culturel et religieux indépendamment des points de vue traditionnels de la théologie et des sciences religieuses. Cette approche « décalée » m’apparaît à la fois dérangeante et très perspicace.
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