Les psychologues de l’enfance l’affirment : une grande part de l’école se fait… sur le chemin de l’école. Entre la maison et l’école, dans ce no man’s land, dans cet espace où l’esprit n’est plus tout à fait à la maison et pas encore tout à fait à l’école. Qui n’a pas le souvenir de ce chemin, avec les yeux cernés du matin et l’attente impatiente du goûter « mérité » l’après-midi ? Une odeur de chocolat chaud et de baguette fraîche revient à mon esprit… Il est vrai que nous devons vivre cet apprentissage du chemin qui nous fait sortir de l’intime pour nous faire entrer progressivement dans l’espace commun. En un mot, dans la ©
L’autre matin, alors que j’étais coincé dans un embouteillage, cette pensée du chemin m’est revenue, avec son cortège d’odeurs. Et j’avais envie de dire à tous ces automobilistes qui m’entouraient, la mine dépitée, stressée ou carrément énervée : « Quelle chance vous avez : vous êtes sur le chemin ! » Ce chemin où l’on est face à soi, entre la personne privée et le personnage publique ; ce chemin de la sociabilisation que bien des chômeurs aimeraient emprunter, quitte à reprendre une mine dépitée, stressée ou carrément énervée…
Puisque j’avais le temps (hélas pour mon retard !), je me suis fait la réf lexion : en va-t-il du culte comme de l’école ou du lieu de travail ? L’essentiel du culte est-il sur le chemin du temple ? Mon ego de pasteur en prend un coup, soudainement… Quoi ? Le plus important n’est-il pas la prédication ? La centralité de la prédication mise en avant par les protestants est-elle menacée par cette psychologie de l’école buissonnière ? Non, tout juste la Parole est-elle remise à sa vraie place : une parole humaine destinée aux humains qui, chacun, ont leur propre histoire, leur propre intimité, leur propre chemin buissonnier qui les fait sortir de chez eux pour vivre l’espace communautaire. Merci le bouchon ! Je ne regarderai plus mes paroissiens de la même manière quand ils arrivent au culte, après leur « chemin »…
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