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La Miss’ Pop aujourd’hui

Que sait-on et pense-t-on de la Mission populaire dans le protestantisme français ? Depuis 1872, cette petite Église aux marges contribue à ce que les Églises se souviennent des marges…

 En 2003 au Congrès de La Rochelle, la Mission populaire s’est redonnée des mots pour son identité et sa mission :  « [Nous nous engageons] à militer pour une laïcité qui favorise et garantisse le libre débat des convictions et la libre collaboration des personnes. [Nous sommes] prêts à oeuvrer avec tous ceux qui travaillent dans les mêmes perspectives fraternelles pour que, là où [nous vivons],  − la justice remplace l’oppression  − l’équité remplace l’exploitation  − le partage remplace le pillage  − la dignité remplace le mépris.   La Mission populaire évangélique de France, membre de la Fédération protestante de France, entend vivre et manifester l’Évangile dans le milieu populaire, en solidarité avec ses luttes, ses espoirs, ses tâtonnements » (Extraits de la Charte de la Mission populaire).   On l’aura compris, c’est aux frontières que l’on veut vivre, parce que c’est là que se joue l’Évangile : l’annonce d’une vraie bonne nouvelle aux vrais pauvres de chaque époque, quelle que soit leur confession ou nonconfession de foi. L’engagement se décline alors dans des collaborations ouvertes, incarnées par les « Associations loi 1901 » que sont les Fraternités (« Frats »), lieux de vie et d’action pour toutes sortes de personnes de toutes sortes d’horizons.

 J’aime à rappeler la « légende dorée » de la fondation de la Mission populaire : le pasteur Mac All, venu d’Écosse, fait de l’évangélisation de rue dans le quartier de Belleville à Paris, peuplé d’ouvriers désabusés et meurtris après la Commune. L’un d’entre eux lui répond : « Si on nous annonçait une parole de liberté et de réalité, nous serions d’accord de l’écouter. »

 Tout est là. Ce n’est pas la parole du pasteur, mais celle de l’ouvrier qui fonde la Mission populaire. « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). L’Évangile se donne à connaître et à entendre, comme un appel, dans la rencontre de l’autre qui a besoin de solidarité.

 La parole à Jean-Pierre Molina, longtemps pasteur de la Mission populaire à Paris : « “N’ayez pas peur, c’est moi.” Phrase étrange adressée par Jésus à ses disciples qui ne l’ont pas reconnu (Mc 6,50), elle se propose aujourd’hui comme un pari aux concierges souvent bénévoles de la maison du Bon Dieu pas toujours chrétienne : oui, parions que ce malade mental en rupture de traitement, cette jeune mère portant son bébé dans un sac en plastique, ce groupe de sans-papiers, ces SDF… ne sont pas des problèmes ambulants et de l’angoisse sur pied mais l’envoyé du ciel qui dit “C’est moi” et me rassure. Et que je ne l’avais pas reconnu. » (« Le privilège d’accueillir », journal Présence, juin 2009)

 La frontière, l’art d’y être accueillant – et d’y rester accueillant au fil des identités, des étrangetés, des difficultés nouvelles que l’on ne cesse de rencontrer. Sans l’ouverture à l’autre, écrit Jean-Pierre Rive, actuel secrétaire général de la Mission populaire, nous n’avons pas accès à cet absolu infini qu’engendre l’intime solidarité entre tous ceux qui, parce qu’ils ont un nom et un visage, peuvent espérer vivre ensemble dans la paix. (« L’accueil, une foi non religieuse », idem)

 Avec un tel ancrage, la Mission populaire est condamnée à se frotter encore et toujours à la rugueuse réalité, aux misères et injustices d’aujourd’hui, aux collaborations pas faciles dans la différence. Elle ne cessera de vivre la rencontre, au quotidien des « Frats » : c’est ainsi qu’elle continuera d’offrir des lieux d’authentique espérance et de paix insoupçonnée. Un vrai défi, à plusieurs niveaux. Nous le relevons dans la confiance, l’audace et l’humilité, en solidarité avec toutes celles et ceux, de quelque Église que ce soit ou de pas d’Église du tout, qui osent le même élan fou et salutaire. Le monde n’en a-t-il pas besoin ?

 En dehors du journal Présence, et d’un site Internet (www.missionpopulaire.org), le mieux serait encore de pousser la porte d’une « Frat » : on vous attend à Paris, Trappes, Lyon, Marseille, La Rochelle, Nantes, Saint- Nazaire, Liévin, Hayange ou Rouen. *

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À propos Diane Barraud

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