Les amateurs de rugby savent qu’en période de mauvais résultats le sélectionneur adopte souvent la posture du « retour aux fondamentaux ». Il s’agit alors d’opérer un retour aux vieux schémas tactiques pour retrouver des réflexes de jeu, des automatismes. À partir de là, les joueurs peuvent être en mesure de développer de nouvelles phases de jeu originales dont les commentateurs disent qu’elles tiennent du génie français, le fameux « french touch ».
Le drame est lorsque le retour aux fondamentaux n’est qu’un retour en arrière. On fait table rase de tout ce qui nous sépare d’un âge d’or présumé pendant lequel tout aurait été nécessairement mieux et on s’y tient. Il s’agit alors d’un fondamentalisme. Le fondamentalisme consiste souvent en un retour perpétuel en arrière qui saute par-dessus la tradition, qui efface la richesse de nos prédécesseurs dans la foi. Ce travail qui se veut une purification s’avère être, en fait, une fixation d’un état qui n’est ni originel ni forcément meilleur. En matière de foi, certains diront qu’il faut constamment retrouver le roc de la parole qui est le fondement inébranlable sur lequel nous pouvons construire notre vie (Lc 6,48). Mais ce roc, cette pierre angulaire sur laquelle nous avons été édifiés, Jésus-Christ (Eph 2,20), est précisément un principe dynamique, qui va de l’avant, qui n’est pas resté sclérosé quand les hommes ont voulu le figer à jamais. Revenir en arrière, revenir aux fondamentaux, aux intuitions fondamentales, c’est le mouvement de réforme que nous apprécions mais qui, bien compris, consiste à puiser dans la richesse du passé pour améliorer l’avenir. Autant il est important de se nourrir de ce qui est fondamental, autant il est nécessaire de ne pas idolâtrer des fondements qui deviendraient alors un terminus ad quem : la fin de toute vie. *
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