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La foi, l’espérance et l’amour

  Des trois vertus théologales : la foi, l’espérance et l’amour, la deuxième est certainement celle qui est la plus difficile à cerner. Tout d’abord, il y a le risque de confusion avec la notion plus profane d’espoir. Or, l’espérance et l’espoir sont de natures très différentes. L’espoir, c’est l’idée, ou la volonté que les choses vont pouvoir s’améliorer matériellement quand on se trouve dans une situation d’épreuve ou de manque. L’espoir concerne ce monde alors que l’espérance est une vertu qui concerne le monde spirituel. Il peut arriver ainsi que l’on se trouve dans une situation dans laquelle il n’y a plus d’espoir, mais l’espérance est quelque chose que nous sommes appelés à conserver toujours, et selon Paul c’est même une réalité qui est éternelle, qui demeure alors que toute chose passe dans ce monde. Le mourant qui sait qu’il va mourir n’a plus d’espoir de vivre et pourtant, il peut être illuminé par l’espérance.

  Le mot « espérance » (Elpis en grec) est utilisé dans l’ancienne traduction grecque des Septante de l’Ancien Testament pour traduire l’hébreu « Batah » qui signifie la confiance. Ainsi, cela nous permet de préciser la notion biblique d’espérance : espérer en Dieu, c’est mettre sa confiance en lui, c’est se reposer sur lui, s’appuyer sur lui de telle sorte qu’on se sente en sécurité.

  Ainsi le Psaume 25,2 dit : « Mon Dieu, en toi je mets ma confiance, que je ne sois pas couvert de honte… », ce que certaines traductions rendent par « en toi j’espère ». De même, le Psaume 40,4 nous dit : « Heureuxl’homme qui place en l’Éternel sa confiance… », et là encore on pourrait entendre : « Heureux l’homme qui place en l’Éternel son espérance. »

  On peut donc dire que l’espérance, c’est la confiance que l’on choisit de mettre dans une personne ou une réalité. La foi participe bien sûr aussi à cette démarche, puisqu’avoir foi en Dieu, c’est être sûr de Dieu, c’est compter sur lui avec fermeté ; mais dans l’espérance, il y a une démarche plus existentielle, c’est une démarche plus intérieure, moins intellectuelle, c’est la façon avec laquelle on pense que cette réalité dans laquelle on croit est bien la réalité solide et véritable dans laquelle il n’est pas vain de croire. L’espérance, c’est l’engagement personnel que nous mettons dans notre foi et qui fait qu’elle devient pour notre vie source de dynamisme et d’enthousiasme. La foi nous fait voir des réalités spirituelles, d’une façon souvent fugace parce que notre foi n’est jamais totale ; par la foi, nous atteignons les réalités éternelles que nous possédons comme des prémices de réalités plus essentielles. L’espérance, c’est choisir de construire sa vie sur ces réalités que nous entrapercevons ou dont nous avons la simple intuition. Par l’espérance, nous choisissons de faire de l’invisible le fondement de notre existence.

  Avoir foi dans l’amour, c’est croire que l’amour est la chose la plus importante. Mettre son espérance dans l’amour, c’est choisir de construire sa vie sur l’amour, c’est croire qu’effectivement nous sommes sauvés par l’amour et que cet amour demeure éternellement ; c’est croire que l’amour que Dieu nous porte est plus fort que tout le mal qui peut nous atteindre, c’est croire que nous pouvons vivre de l’amour, et qu’il peut nous suffire.

  S’il y a dans la foi une démarche personnelle de recherche de la vérité, un effort de connaissance, de compréhension, d’adhésion, une montée vers Dieu, l’espérance est de faire confiance à l’objet de sa foi, de tout fonder sur lui, un abandon confiant dans l’amour et la puissance de Dieu. L’espérance c’est une forme de dé-préoccupation de soi-même, une manière de ne pas se soucier du lendemain en pensant que le lendemain prend soin de lui-même, (Mt 6,34) c’est avoir confiance en la providence divine.

  La foi m’incite à agir devant tout le mal du monde, l’espérance me fait croire que cette action n’est pas vaine et que quoi qu’il arrive, Dieu ne sera pas vaincu. Par l’espérance, j’accroche ma vie à quelque chose auquel je crois mais qui n’est pas actualisé sur notre terre. Mon espérance, c’est que Dieu nous sauve et sauve le monde, même si le cours des événements terrestres pouvait me donner des raisons de désespérer, mais c’est en espérance que nous sommes sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? (Ro 8,24).

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À propos Louis Pernot

est pasteur de l’Église Protestante Unie de France à Paris (Étoile), et chargé de cours à l’Institut Protestant de Théologie de Paris.

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