Le mot « miracle » vient du latin mirus (qui signifie étonnant, et qui a la même racine que merveilleux, ou admirable). Il appartient à la fois au langage courant et au langage religieux, où il désigne une intervention directe de la toute-puissance divine.
Dans les évangiles synoptiques, miracle traduit le mot grec dunamis (force, puissance). L’évangile de Jean utilise de préférence le mot grec sêmeion (signe).
Le miracle n’a rien de spécifiquement chrétien ; toutes les religions parlent de miracles. Mais ce qui nous intéresse ici, ce sont les miracles attribués à Jésus dans les évangiles.
À cette époque, divination, magie et médecine allaient ensemble et elles étaient habituellement l’apanage des prêtres. La maladie était le fait d’un ou plusieurs démons ; chacun avait sa spécialité ! Elle avait d’ailleurs partie liée au péché.
Jésus n’était pas le seul à guérir, à chasser les démons ! Ses disciples, les prophètes de jadis (Moïse, Élie, Élisée), les faux prophètes eux-mêmes et jusqu’à des inconnus (Mc 9,38-41) pouvaient faire des miracles. Dire que Jésus a fait des miracles montre simplement qu’il était un homme religieux important de son époque.
Aujourd’hui les réactions face au miracle ne sont plus les mêmes ; notre esprit cartésien est devenu exigeant et la science pousse la foi à se débarrasser d’idées inexactes. Il ne s’agit pas de rejeter les récits de miracles, mais de chercher leur sens profond, celui qui peut nous aider à vivre. Souvent, c’est en cherchant un sens symbolique que l’on peut mieux les accepter de nos jours. Il est d’ailleurs très probable que ce sens était voulu par les rédacteurs, et déjà perçu par les premiers lecteurs.
Les questions posées par les miracles ressemblent fort à celles que pose le dialogue entre science et religion : « Peut-on croire en Dieu et avoir une réflexion rationnelle et scientifique sur le monde ? » et « Peut-on croire aujourd’hui que Jésus ait guéri des aveugles et marché sur l’eau ? » sont deux questions très analogues.
Louis Pernot relativise l’importance des miracles, et explique comment l’interprétation symbolique permet d’y trouver encore plus de sens et plus de force qu’une interprétation littérale.
Ne pas mettre la croyance aux miracles au centre de la foi permettrait à beaucoup de nos contemporains de retrouver plus facilement le chemin des Églises. Et pourtant « Dans les évangiles, le surnaturel, la démesure, le merveilleux, tout ce qui bien souvent gêne nos sages sensibilités et nos esprits timorés, sont autant de ruses pour dire la vie en excès, la vie malgré tout. » (Raphaël Picon, E&l n°187 mars 2005)
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