Dans leur numéro 340 sur « Les religions dans la société » (2007), les Cahiers français analysent la situation des religions dans la société :
« Les expressions du religieux, les pratiques et les croyances, se caractérisent désormais par des “bricolages” étonnants. Ainsi seuls 52 % des catholiques déclarés pensent que Dieu existe. »
Un sondage CSA, La Vie, Le Monde, en mars 2003 a donné des résultats qui nous interpellent :
– 54 % des français se disent croyants, 33 % athées, 52 % rationalistes, 51 % chrétiens.
– 77 % pensent que chacun doit définir lui-même sa religion indépendamment des Églises.
– L’existence de Dieu n’est certaine que pour 24 % des croyants, et probable pour 40 % ; 30 % des chrétiens pensent que Jésus n’est pas Fils de Dieu, et 40 % qu’il n’est pas ressuscité ; 63% ne croient pas à la Trinité, seuls 6 % croient encore à la résurrection du corps après la mort… 47 % pensent que plus les connaissances scientifiques progressent, plus il est difficile de croire en Dieu.
Quel gouffre entre l’enseignement des Églises chrétiennes et la foi ! Et pourtant notre monde est en quête de sens et de spiritualité. « Dieu a cessé de nous manquer », écrit André Comte- Sponville dans L’Esprit de l’athéisme. Mais de quel Dieu s’agit-il ?
Une certaine image de « Dieu tout-puissant » a été imposée par l’Église depuis des siècles. Mais si Dieu est tout-puissant, comment peut-il tolérer la souffrance des innocents ? Le mal est un des arguments les plus tenaces contre l’existence de « Dieu tout-puissant », et heureusement la nouvelle traduction oecuménique de la Bible a supprimé cette dénomination qui n’a rien de biblique. Comme l’écrit Raphaël Picon dans Dieu en procès (éd. l’Atelier, 2009) : « Dieu est le fond et le centre de ce qui est et non un être supérieur à tous les autres. Il est le fondement de l’être. L’appel de ce Dieu intérieur est d’abord un appel à être. »
Des dogmes, comme celui de la Trinité, ont été énoncés, auxquels les « fidèles » devaient se soumettre ; le résultat, ce sont des églises et des temples désertés. Les mots utilisés dans la prédication ou la catéchèse ont perdu leur pertinence : les notions de « grâce », « salut », « péché » ne sont plus comprises. « Le vocabulaire de l’Église, et dans une large mesure celui de la Bible, sont très éloignés de notre situation historique », écrit le théologien Paul Tillich (1886-1965). Car heureusement des théologiens, en particulier protestants libéraux, se sont rendus compte de l’urgence : Tillich, les théologiens du Process, André Gounelle ou encore J.S. Spong dont Évangile et liberté a publié plusieurs textes.
Henri Persoz, scientifique, théologien, membre de notre comité de rédaction, propose ici une réflexion sur les réponses qui peuvent être apportées, par la théologie libérale, à nos contemporains qui s’éloignent du christianisme.
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