Il serait cette instance surplombante, qui, du haut de ses splendeurs, interviendrait miraculeusement, quand bon lui semble, dans les affaires du monde. Ce Dieu au-dessus représentera toujours une menace pour l’être humain qui ne serait qu’une marionnette aux mains d’un tyran, et qui pourrait être aussi continuellement épié, surveillé, sous contrôle. C’est ce Dieu-là que l’athéisme a eu bien raison de combattre. On préfère souvent à ce Dieu au-dessus, le Dieu avec, que proclame notamment l’Emmanuel, le « Dieu avec nous » des évangiles. Dieu serait avec, tel un ami de toujours, un compagnon de fortune et d’infortune. Ce Dieu avec est le plus bel allié de nos combats et de nos luttes ; avec lui, nous nous sentons moins seuls et plus forts, au risque parfois de nous croire plus forts que tout. Ce Dieu avec, n’est-il pas celui que nous nous annexons pour nous croire invincibles et nous prétendre intouchables ? Dieu n’est ni au-dessus, ni avec, il est en nous. Jésus est la prédication d’un Dieu incarné. Il nous permet de croire en un Dieu qui se révèle en révélant l’humain à lui-même. Nous croyons que Dieu est en nous en tant qu’il est courage, désir et volonté, et nous permet ainsi de surmonter l’échec, la désespérance et la peur. Dieu est, en nous, affirmation de la vie, de la nouveauté, de la liberté et de l’amour. Ce Dieu n’est pas la cause déterminante des événements de l’Histoire, il est le poète du monde, cette puissance d’attraction qui nous conduit au meilleur de nous-mêmes. Seul un Dieu en nous nous permet de regagner la seule véritable chose dont nous avons besoin pour vivre : la confiance ; cette confiance en soi qui nous rend capables d’actions et de foi, qui nous permet de nous présenter au monde et d’être avec autrui. Ce Dieu en nous ne nous fait pas Dieu pour autant : nous le croyons précisément en nous pour renoncer à nous prendre pour lui. Il est juste, aussi, de dire en même temps que Dieu est en nous et que nous sommes en lui.
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