logo d'Évangile et Liberté

Numéro 203
Novembre 2006

Sommaire & Résumés
( : permet d'aller au corps de l'article)

Éditorial

Spirituel et social, par Laurent Gagnebin

La recomposition et le retour actuels du religieux sont une chance pour le christianisme. Les croyants ne sont plus regardés avec commisération comme des animaux à parquer dans des réserves pour espèces en voie de disparition. Le religieux se porte et se vend bien ; les marchands du temple le savent et surfent habilement sur la vague d’un spirituel en vogue...

haut

Questionner

Chacun de nous hérite différentes traditions et subit des influences diverses. Robert Serre souligne que cette richesse de formation peut être étendue à la religion.

Une bi-appartenance religieuse ?, par Robert Serre

Michel Serres, dans Le Tiers-instruit (Paris, François Bourin, 1991) décrit l’inévitable métissage de tout homme qui vit en société : « Je suis en réalité tous ceux que je suis dans et par les relations successives ou juxtaposées dans lesquelles je me trouve embarqué […] » Dans Croire en Dieu dans un monde scientifique (Paris, Le Cerf, 1975) A. Delzant part de ce même constat et mentionne la nécessité pour les chrétiens de s’ouvrir aux autres cultures et religions: « Personne n’a une signification qui lui soit propre, c’est-à-dire indépendamment des autres hommes et du monde. […] Celui qui, habitant la communauté et habité par le Christ, se décide à partir hors des groupes clos, des habitudes acquises, qui prend le parti de sortir d’un monde et d’aller dans un autre, au loin, poursuit par son travail l’œuvre de Dieu qui déjà s’est effectuée en lui. La rencontre des autres, différents par la culture, par leur passé, n’est pas une raison de se conforter dans ses propres raisons de croire mais la recherche de ce qui manque. » ...

haut

Sombrero Galaxy. © courtesy of ESOAgir

Aujourd’hui la grossesse peut et doit être un choix. Interrompre une grossesse est une décision difficile, mais Karine Merrien, sage-femme, plaide pour que ce choix reste possible et soit accompagné avec bienveillance par la société.

Choisir une interruption de grossesse, par Karine Merrien

Je n’ai encore jamais rencontré de sage-femme ayant pour vocation première la prise en charge des interruptions volontaires de grossesse (IVG). Choisir de devenir sage-femme, c’est choisir d’accompagner la naissance, de mener à la vie. Mais vivre cette profession c’est accompagner les femmes dans l’immensité du champ qu’elles occupent. La sage-femme se doit de soutenir les femmes dans les choix et le vécu de leur vie intime...

haut

Ces mots qu'on n'aime pas

Prière d’intercession, par James Woody

S’il est une partie du culte qui me met mal à l’aise, c’est bien la prière d’intercession. Si souvent catalogue de tous les malheurs du monde, de tout ce qui ne nous plaît pas, de tout ce qui nous agace, nous révolte, nous attriste, cette prière me donne le sentiment qu’elle est une sorte de sac dans lequel nous mettons le linge sale humain pour que Dieu en fasse le nettoyage. Dans ce cas, ce n’est pas autre chose que se laver les mains en ayant bonne conscience...

haut

Horsehead Nebula. © courtesy of ESOSérie : les lamentations

« Le Seigneur a agi comme un ennemi.
Il a détruit Israël et tous ses palais.
Il a démoli ses murs de protection
Et il a répandu partout tristesse
et malheur dans le peuple de Juda. »
Lm 2, 5

2. Stupeur : Dieu est-il un ennemi ?, par Florence Taubmann

Est-il envisageable de voir en Dieu un ennemi ? Même Satan n’est pas vraiment pris au sérieux de nos jours. Ce sont les hommes qui endossent la responsabilité du mal, qu’il s’agisse d’événements historiques ou même de cataclysmes naturels, souvent attribués à des comportements prédateurs et inconscients. Dieu, en tant qu’Amour, est innocent des maux qui ravagent notre Terre. Aussi l’auteur des Lamentations nous surprend quand il établit un réquisitoire contre Dieu...

haut

Billet

Les Finances et la Trinité, par Jean-Marie de Bourqueney

L'automne rime avec « synodes »… Pasteurs et « laïcs » (oui, je sais, le terme est impropre…) discutent dans ces assemblées annuelles et prennent des décisions censées régir la vie matérielle, théologique et spirituelle de l’Église...

haut

Méditer

Notre Dieu, parfois ta voix a du mal à percer, par Jacques Juillard

Notre Dieu,
parfois ta voix a du mal à percer.
Nous gardons tant de résistances, tant d’inquiétudes,
tant de peurs de perdre refuge et repères...

haut

Comète de Schumacher-Lévy s’écrasant sur Jupiter © courtesy of ESOCahier : Science et Foi

par Louis Pernot

En 1633, Galilée, premier scientifique moderne, est condamné par l’Église pour avoir affirmé que l’homme n’est pas au centre du Monde, mais sur une planète banale.

À la fin du XVIIIe siècle, Laplace pense pouvoir tout expliquer par la science. À Napoléon qui lui demande pourquoi il ne mentionne pas Dieu dans son œuvre, il répond cette phrase célèbre: « Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse. »

En 1860, l’Église s’oppose à Darwin qui nie l’intervention d’un dessein divin dans l’évolution.

Au début du XXe siècle, la plupart des physiciens sont persuadés que la science a tout expliqué, à l’exception de quelques phénomènes encore mystérieux : la « catastrophe ultraviolette » introduira (grâce à Max Planck) la mécanique quantique en 1900, et l’expérience de Michelson et Morley conduira Einstein à la théorie de la relativité en 1905.

Ces éléments d’histoire montrent comment la science a été accusée par l’Église de déformer le message de la Bible ; ils montrent aussi l’arrogance de la science au XIXe siècle, due en partie à ses succès.

Mais depuis 1900, la science découvre ses limites. Des failles sont apparues dans le bel édifice rationaliste, qui brisent le carcan matérialiste. Les nouveaux chapitres de la science dérangent parce que la raison a du mal à suivre. Les notions d’espace et de temps sont remises en cause. Le déterminisme qui enchantait Laplace n’est, au mieux, qu’une approximation statistique. L’observation et l’observateur prennent une place prépondérante, et le bon sens est mis à rude épreuve par les affirmations de la physique quantique et de la relativité.

Les rapports entre science et religions devraient s’en trouver apaisés. Pourtant certains mouvements comme le créationnisme utilisent la Bible pour nier l’évolution ; d’autres comme le « dessein intelligent » (version « douce » du précédent) tentent de justifier la foi par la science.

Le XXe siècle a aussi vu apparaître la théologie du Process, à partir de la pensée de Whitehead, mathématicien et philosophe anglais. Un de ses objectifs est de tenir compte de la vision scientifique du monde. Cobb et Griffin veulent élaborer, avec un discours cohérent et intelligible, une doctrine en accord avec ce que nous savons de la réalité, en dialogue avec la science et les autres religions.

La science et la théologie peuvent et doivent cohabiter sans gêne. Albert Einstein disait : « La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle. »

Louis Pernot, pasteur à l’Église réformée de l’Étoile, et de formation scientifique, explique comment science et religion peuvent vivre ensemble harmonieusement. Sa vision de Dieu est assez proche de celle des théologiens du Process. feuille

Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne

haut Horsehead Nebula. © courtesy of ESO

Depuis longtemps la théologie (ou tout au moins la religion) joue avec la science à «je t’aime, moi non plus». Dans les temps où la science était très largement lacunaire, la théologie et la philosophie avaient le beau rôle, elles pouvaient se permettre de légiférer dans ce domaine, sans scrupule ni contrainte. La science progressant, le domaine de la théologie s’est progressivement réduit, le terrain du discours concernant l’Univers, l’homme et son apparition étant de plus en plus repris par la science. Le point culminant de cette évolution s’est trouvé à la fin du XIXe siècle avec des hommes comme Darwin et Laplace. Pour Darwin, il n’y avait plus besoin de la Genèse ni d’idée de création pour envisager l’apparition de l’homme. Pour Laplace, il n’y avait plus de nécessité de Dieu, puisque d’après lui tout pouvait s’expliquer par la science : il prônait un système scientifique absolument déterministe dans lequel tout ce qui se passe et allait se passer dans le monde serait déterminé par des lois scientifiques.

Et puis au XXe siècle, changement radical. La science devient «relativité» dans tous les sens du terme...

haut

Vivre

En-vie, par Robert Philipoussi

Où suis-je passé ? J’ai beau chercher dans tous mes tiroirs, je ne me trouve pas. Dans toutes mes militances, mes anciens engouements, je ne reconnais pas vraiment celui-là qui pensait ça, disait ci, allait là, écrivait ça, croyait, aimait ça, un tel, une telle. Comme disait l’autre : « il y a un temps pour chercher et un temps pour perdre ». Me voilà bien avancé.
Est-ce que j’ai autant avancé que ça ? ...

haut

photo d'enfant priant et chienRegarder

Pas plus que l’habit ne fait le moine,
la posture ne fait le croyant.
Cet enfant et son fidèle compagnon
nous rappellent que la vie spirituelle
est d’abord une disposition intérieure.

haut

Commenter

Nous nous arrêtons ce mois-ci sur l’acte d’écrire. L’Écriture comme trait d’union entre le christianisme primitif et notre foi d’aujourd’hui. Mais trait d’union plein de vie et d’aventures laborieuses pour la longue chaîne qui s’étire des auteurs jusqu’aux lecteurs. D. Hernandez avait écrit un texte plus développé qu’elle nous suggère de consulter sur le site www.biblique.fr.

Grafw, Écrire, Grapho par Dominique Hernandez

Voici la pâte même des Écritures : l’écriture, la volonté, la décision, l’acte d’écrire… pour un lecteur. Dans les évangiles, l’écriture s’offre comme dépôt de traditions ordonnées non pour une biographie de Jésus, mais pour un témoignage de foi. Les épîtres, adressées à une personne ou à une communauté, reflètent des débats, des conflits, des encouragements. Quant au livre de l’Apocalypse, son écriture est obéissance à un ordre plusieurs fois réitéré au bénéficiaire de la vision : « Écris », écris ce que tu vois.

Ainsi l’acte d’écrire opère une traversée de la distance et de la durée, une migration permettant un ensemencement aux moissons non maîtrisées et non achevées...

haut

Réagir

Dans la conférence du pape à Ratisbonne, le 12 septembre dernier, on a relevé ses propos sur l’Islam ; on n’a guère prêté attention à ce qu’il dit de la Réforme et du protestantisme libéral, qui, selon lui, ne donnent pas sa juste place à la raison. Sans entrer dans une discussion détaillée, quelques remarques s’imposent.

Le pape et la raison, par André Gounelle

Dans ce discours, prononcé dans un cadre universitaire, le pape esquisse une vaste fresque historique. Les premiers siècles de l’histoire de l’Église sont marqués, dit-il, par l’alliance entre le message biblique (qui incarne la foi) et la culture grecque (qui représente la raison), alliance qui va ensuite subir, selon lui, trois grandes attaques...

haut

Saturn. Débattre

L’éthique est à la mode. Bien des entreprises l’affichent comme valeur fondamentale. Jean-Paul Lannegrace, ancien directeur de Framatome, président de l’Observatoire chrétien de l’entreprise et de la société, membre d’ Évangile et société, estime que cette bonne volonté apparente pourrait être améliorée.

L’éthique dans l’entreprise, par Jean-Paul Lannegrace

L’éthique d’entreprise est en plein développement : on crée des chartes éthiques, des fonctions de déontologues, des rapports de développement durable, des agences de notation éthique. Pourtant, le scepticisme ne désarme pas : « C’est de la cosm-éthique ! », décrètent les stagiaires de HEC ; « On oublie l’éthique dès qu’elle coûte ! » Des cadres du MCC (Mouvement des cadres et dirigeants chrétiens) dénoncent un double langage : « Les paroles ne sont pas conformes aux pensées, les actes ne sont pas conformes aux paroles ! »...

haut

Retrouver

L’Assemblée du Désert a évoqué cette année la figure de Pierre Bayle (1647-1706), à l’occasion du tricentenaire de sa mort. Philippe Vassaux nous rappelle la pensée et l’œuvre de cet apôtre de la tolérance et de la liberté de conscience.

Pierre Bayle : un penseur hors du commune, par Philippe Vassaux

C’est au fond du comté de Foix, dans le petit bourg du Carla qui porte maintenant son nom, que Pierre Bayle est né en 1647. Son père, pasteur, le prépare lui-même à entrer à l’Académie réformée de Puylaurens. Déçu par le bas niveau de cette dernière, il se rend à Toulouse où les jésuites vont l’initier à la pensée d’Aristote. Il se convertit alors au catholicisme, mais il regrette vite cette décision. En retournant au protestantisme, il est considéré comme relaps...

haut

Lire

Livre : Dieu et le monde

Livre : Les cathares

Livre : Grande langue !

haut

Dans le monde et dans les Églises

par Claudine Castelnau

Italie : Carnaval religieusement correct
Angleterre : Plus de bûcher pour le traître
Iran : Une femme ne peut gagner devant des hommes
Église d’angleterre : Image de Dieu et violences domestiques

haut

Nouvelles

Le Journal Évangile & liberté fête ses 120 ans
Année 2006 : 2006 abonnés
Nouveautés

haut

Courrier des Lecteurs

Évangile & liberté comprend une page entière consacrée au Courrier des lecteurs. Nous voulons ainsi une page vive, animée, publiant librement vos réactions à tel ou tel article.

haut

 

Merci de soutenir Évangile & liberté
en vous abonnant :)


Vous pouvez nous écrire vos remarques,
vos encouragements, vos questions



Accueil

Pour s'abonner

Rédaction

Soumettre un article

Évangile & liberté

Courrier des lecteurs

Ouverture et actualité

Vos questions

Événements

Liens sur le www


Liste des numéros

Index des auteurs

Archives d'É&l

N° Suivant

N° Précédent