Dieu insiste.

Nous pouvons nous échiner à essayer de prouver que Dieu existe. Beaucoup seraient rassurés d’avoir en leur possession la preuve irréfutable que Dieu est bien conforme à l’idée qu’ils s’en font, qu’il a toutes les caractéristiques voulues pour trôner au sommet de leur panthéon personnel.

En disant que Dieu insiste, comme nous y invitent des philosophes parmi lesquels John Caputo, le théologien est alors plus proche du croyant qui éprouve la foi par sa propre vie. L’expérience croyante vérifie cette insistance. On peut essayer de fuir cette insistance à la manière du personnage biblique Jonas ; comme le centurion romain qui se tient au pied de la croix on peut crucifier le témoin du Dieu qui insiste pour que l’amour soit fondamental ou, comme Saul de Tarse, faire lapider ses disciples ; on peut passer le divin au crible du doute à la manière de René Descartes : ça insiste et ça insiste encore.

Il arrive qu’on en vienne à dire qu’on n’a plus la foi, ce qui pourrait indiquer que l’insistance a non seulement faibli, mais qu’elle a disparu. Dans ce cas, c’est plutôt l’existence de Dieu qui est en cause. On a cessé de croire que Dieu était ce qu’on imaginait jusque-là. Le fait que nous soyons troublés par cette situation où le Dieu que nous possédions se met à nous échapper, indique que nous sommes bel et bien taraudés par Dieu : Dieu, le Dieu véritable et non celui de nos rêves, insiste. Dieu n’insiste pas de manière majestueuse ; il n’est ni dans le vent fort et violent qui déchire les montagnes, ni dans les tremblements de terre, ni dans le feu. Dieu insiste avec délicatesse, dans une voix de fin silence (1 R 19,11-12). C’est cette délicatesse, respectueuse des personnes, qui garantit notre liberté. Une existence s’impose. L’insistance divine exprime le sérieux de l’appel à devenir plus humain, tout en laissant à chacun la liberté d’y répondre ou non.

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