La mort a toujours été source d’angoisse pour l’humain qui se demande ce qui se passe après la mort.
« Au fond, personne ne croit à sa propre mort, et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité », écrit Freud. Le second récit mythique de la création, dans la Genèse, ne laisse-t-il pas penser que l’humain a d’abord été créé immortel, et que la mort est une punition infligée par Dieu à la désobéissance ?
La quête de l’immortalité est le plus ancien mythe de l’humanité. L’Épopée de Gilgamesh, écrite il y environ 4000 ans à Sumer, est la première œuvre littéraire que nous connaissions. Confronté à la mort du compagnon de ses exploits, cet être qui lui était le plus cher, et craignant la sienne, le héros Gilgamesh part à la recherche de l’immortalité. À la fin de ses aventures Gilgamesh devient enfin un sage, qui a pris conscience de ses limites en s’acceptant mortel.
Il semble qu’actuellement une proportion importante de gens croient qu’il n’y a plus rien après la mort, et il s’agit d’un fait relativement nouveau. C’est alors vers une recherche de « vie éternelle » ici-bas que certains se tournent, en pensant que la science va pouvoir faire des miracles. Le philosophe français Michel Serres, dans son ouvrage Hominescence, écrit en 2001 : « Nous vivons un moment décisif du processus qui nous façonne. Inquiétante pour certains, cette naissance en enthousiasme d’autres. Nous la suscitons sans savoir quel homme elle dossier : la Résurrection autrement Immortalité, résurrection et vie éternelle crée, assassine ou magnifie. » Le transhumanisme envisageant que les limites humaines vont être repoussées (indéfiniment ?) par les sciences, a de nombreux adeptes. La quête de l’immortalité a gagné la Silicon Valley qui investit dans les thérapies régénératives ! Pourtant le généticien Axel Khan, dans une interview en 2013, déclarait : « Il est utopique de penser évoluer vers l’immortalité et il y a des raisons théoriques qui laissent à penser que c’est impossible. » Les technologies nouvelles ne risquent-elles pas d’échapper à notre contrôle ?
La résurrection et la vie éternelle sont des croyances fondamentales du christianisme. Mais quel sens leur donnons-nous ? Dans l’évangile de Jean, Jésus dit : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » (Jn 11,25) et « Amen, amen, je vous le dis, celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient point en jugement, il est passé de la mort à la vie. » (Jn 5,24) ; il ne s’agit pas de futur, mais de présent ! La « vie éternelle » peut être comprise comme « la vie en plénitude ». L’auteur de l’épître aux Colossiens affirme que nous sommes déjà ressuscités (Col 2,12) : nous ressuscitons chaque fois que nous nous levons pour lutter contre tout ce qui enchaîne et abaisse l’être humain. Nous sommes appelés à être des créatures nouvelles, non pas surhumaines mais pleinement humaines, comme le fut Jésus de Nazareth.
À lire le dossier de Jean-Marie de Bourqueney « La Résurrection autrement, ou la Résurrection vue par la théologie du Process »
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