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Au-delà de la mort ou bien au-delà d’une vie autre ?

Michel Leconte

 

La foi chrétienne est-elle une espérance en un au-delà de notre vie mortelle ou bien, plus radicalement, est-ce une espérance active en un au-delà de notre vie présente ? Est-elle une espérance en quantitativement toujours plus de la même vie, ou, plus profondément, espérance en une vie qualitativement autre ?

 

Si la religion se résume à une foi en un au-delà de la mort, ce n’est plus guère qu’une espérance égoïste, le vieux désir d’immortalité auquel répondent, peu ou prou, toutes les religions, sagesses et philosophies. La religion viendrait alors apaiser notre angoisse, elle viendrait adoucir notre peur de la mort biologique. La religion me paraît même donner ainsi une sorte de justification culturelle à notre refus de cette finitude qui pourtant nous constitue. Ce faisant, cette croyance nous égare et nous détourne de la tâche de construire un monde meilleur. C’est un opium qui peut certes nous apaiser, mais qui nous engourdit. Plus fondamentalement, cette espérance exclusive en cet au-delà ne me semble pas être spécifiquement chrétienne.

 

Il ne faut en effet jamais oublier que la résurrection de Jésus est non seulement la résurrection d’un mortel, mais que c’est celle d’un homme crucifié. Dieu ne ressuscite pas Jésus d’une mort naturelle, mais d’une mort délibérément provoquée et ordonnée. Car Jésus a été assassiné en raison de l’opposition qu’il suscitait de la part des représentants religieux et politique de l’ordre établi se liguant contre son action et son annonce prophétique du Royaume de Dieu. Un Royaume à établir dans le « maintenant » de la vie : afin d’instaurer un monde qualitativement nouveau, plus fraternel, plus juste et plus humain, un monde transfiguré par l’amour qui vient de son Dieu, un Dieu qui libère, un Dieu qui est salut des êtres humains, si par salut nous comprenons le passage du moins humain au plus humain.

 

La résurrection est la justification par Dieu de celui qui, par sa prédication, ses gestes, toute sa vie, lutta pour une libération intégrale des hommes asservis et aliénés, victimes de toutes sortes de misères et d’oppression. La résurrection est la révélation aux disciples de la vérité absolue de la vie de Jésus et de sa praxis en faveur d’un monde autre, un monde où règne la tendresse envers les petits, les pauvres, les souffrants, les exclus. D’après moi, le dynamisme de l’évangile est celui-là. Cette espérance est une espérance active à la suite de Jésus, sinon ce n’est que le vague espoir que la vie et le monde qui est le nôtre peuvent changer sous l’action d’un « deus ex machina », comme par magie.

 

La foi chrétienne est bien cette foi inouïe : la Réalité ultime, celle qui est au-delà de l’apparence banale et désespérante des choses, est apparue en Jésus-Christ et en son Royaume de paix, d’amour et de justice. Dieu et le monde sont un, Dieu est, en nous, la puissance qui porte et anime le monde et nous fait avancer et agir, mais ce n’est pas sans nous. Je crois bien qu’en dehors de la suite du Christ, on ne sait pas bien de quoi on parle quand on confesse Jésus-Christ. Le dessein de Dieu est que nous parvenions à être fils dans le Fils.

 

« Seigneur, viens au secours de notre faiblesse ! Donne-nous la force de ton Esprit. »

 

 

 

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À propos Gilles

a été pasteur à Amsterdam et en Région parisienne. Il s’est toujours intéressé à la présence de l’Évangile aux marges de l’Église. Il anime depuis 17 ans le site Internet Protestants dans la ville.

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