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Take Shelter

Curtis La Forche (Michael Shannon) mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. Les tornades l’obsèdent au point de construire un abri anti-tempête pour sa famille. Les choses ne s’arrangent pas et le spectateur assiste au développement effrayant de sa paranoïa dans une ambiance hitchcockienne. Sa femme (Jessica Chastain) et sa petite fille sourde-muette s’inquiètent mais ne l’abandonnent pas, la solidarité familiale est inébranlable; elles considèrent cette folie comme un virus à combattre et une épreuve à traverser.

Jeff Nichols imprime un rythme lent et une atmosphère tendue à son film dans lequel la nature fait écho : brusques éclairs de violence qui s’effacent progressivement pour laisser place au grondement sourd des coups de tonnerre, entrecoupés de silences tendus et d’accalmies propices à la tendresse et au réconfort.

  La famille est au centre de ce film. Il faut la mettre à l’abri (titre du film) de tout événement qui survient immanquablement de façon insidieuse et angoissante, dans un monde précaire qui en est le géniteur. Les hallucinations de Curtis ne semblent pas incompatibles avec la réalité dont les dangers semblent menacer l’humanité. Le doute est entretenu par le metteur en scène mais les scènes sont trop apocalyptiques pour que les spectateurs ne perçoivent pas que la folie s’est emparée de cet homme qui croit vivre le Jugement dernier. Le combat intérieur de Curtis est pathétique, il a conscience de sa déraison et de son impossibilité à la corriger. Il apparaît donc être à la fois la source de la paranoïa et l’ultime rempart contre les dangers du monde pour sa famille.

  Dans une vague récente de films traitant du cosmique et de l’intime (Melancholia de Lars Von Trier, Tree of Life de Terrence Malick,…) Take shelter se détache comme un des meilleurs à la fois par la forme et le fond.

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À propos Pierre Nambot

Pierre.Nambot@evangile-et-liberte.net'

Un commentaire

  1. yayoo60@gmail.com'

    Attention : spoilers !

    J’ai énormément aimé ce film.

    Il s’agit pour moi d’une métaphore de la dépression. Le réalisateur a mis en forme la dépression du protagoniste dans le monde réel, hors de la tête du personnage.
    Les moments menaçants de tempête et autres événements dangereux représenteraient les attaques de panique que certains ont dans les moments difficiles durant un épisode dépressif.

    La scène dans l’abri et sa lutte pour en sortir et accepter d’ouvrir la porte est extrêmement touchante. C’est comme l’allégorie de la caverne de Platon, avec la dépression en plus.
    Aidé et encouragé par son épouse (divine Jessica Chastain), il va d’abord refuser de sortir. Comme on est effrayé par la lumière, la connaissance. Enfermé presque confortablement dans son abri et son mal-être, il va cependant accepter de risquer de sortir pour vivre.
    Il serait plus facile de rester enfermé dans l’obscurité (l’obscurantisme), quitte à tout rater de la vie et de la vérité.
    La scène finale, sur le perron de la maison est d’une angoisse terrible. Un petit plaisir du scénariste peut-être.

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