Les journées Évangile et liberté de 2007 nous ont permis de nous interroger sur les spiritualités des croyants et celle des athées ou des agnostiques. Le livre du philosophe suisse François Gachoud se situe à l’aboutissement d’une telle comparaison. Il a pour ambition une réconciliation autour d’un discours éthique articulé autour de la notion d’altérité. Le mouvement qui pousse à scruter dans l’autre sa singularité irréductible à notre moi (il n’est pas un semblable, mais un autre) serait la manifestation d’une liberté et d’une responsabilité nous entraînant dans la recherche de valeurs transcendantes telles que le Bien. La vie humaine a ainsi le pouvoir de s’excéder soi-même dans une volonté de dépasser notre finitude. F. Gachoud y retrouve certains accents de Nietzsche. Il invoque aussi J.-J. Rousseau, Kierkegaard, Levinas, et également les plus grands des artistes (Van Gogh, Rimbaud) pour leur trouver en commun une vive tension, une ivresse créative qui les amène vers autrui. De Dieu ou plutôt de tout Infini par essence inconnaissable, cette tension serait seulement la trace, déposée dans le visage d’autrui.
Livre de lecture assez difficile et exigente, qui prolonge et enrichit les journées de la Grande Motte et qui conduit, par delà l’athéisme, à la recherche d’un Bien Transcendant. Négation ou affirmation de Dieu (notamment selon saint Jean) seraient ainsi en dehors du champ éthique lui-même.
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