C’est Margaux, âgée de six ans, qui vient de poser la question. Et elle enchaîne : « Parce que s’il habite dans notre temple, le bruit des travaux doit lui casser les oreilles. » Effectivement, le travail de la pelleteuse, suite à la rupture des canalisations par le gel, bat son plein.
En l’entendant, je commence par sourire. Mais elle insiste. « C’est où qu’il a sa maison, Dieu ? » Est-il dans les magasins ou seulement dans les églises ? Pourquoi sa grand-maman dit-elle qu’il habite dans son coeur ? C’est très exclusif comme affirmation. Quant au ciel ? Ça lui paraît peu pratique, surtout qu’elle a le vertige.
Du coup, c’est moi qui ai le tournis. Les questions sont délicates. Et, lorsqu’un enfant les pose, il n’y a jamais de malice. Juste une détermination farouche à comprendre un mystère que les adultes semblent avoir percé.
Comment décrire Dieu à un enfant ? On le présente comme un esprit immatériel, tout en s’extasiant sur son regard bienveillant ou sur ses bras prêts à nous accueillir. Où le situer ? Certains disent qu’il est partout, d’autres nulle part. Quelques-uns le voient en chacun de nous.
En pensant à tout cela, me revient cette histoire. Un maître juif demande un jour à ses hôtes : « Où vit Dieu ? » Les convives érudits se moquent, disant : « Que nous demandezvous là ? Le monde n’est-il pas plein de sa présence ? » Le rabbi laisse à ses amis un temps pour débattre la question. Puis, il murmure : « Je pense que Dieu habite là où on le fait entrer. » Et Margaux de conclure : « Super, je vais pouvoir l’inviter chez moi… en espérant qu’il ne sera pas déjà pris. »
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