Une fonction fondamentale de la religion, c’est d’apporter une consolation. La consolation nous est plus nécessaire que le salut et le pardon. Jésus-Christ, assure l’Évangile, nous apporte le salut et le pardon. Mais la Vierge Marie, pour la piété populaire, apporte la consolation. D’où le succès de la magnifique prière du Salve Regina : « Nous vous saluons, Reine, Mère de miséricorde, par qui nous vient la vie, la douceur et l’espoir. Enfants d’Ève, chassés du Paradis, nous jetons vers vous un cri d’appel… Ô Vierge, notre protectrice, tournez vers nous vos regards maternels, … vous si bonne, si tendre, si douce Vierge Marie. »
La prédication de Paul nous présente un Jésus crucifié par un acte barbare, rouge du sang de son martyre, offert et sacrifié à un Dieu incompréhensible et vengeur. L’image de Marie, féminine, protectrice et maternelle, dans sa douceur bleutée et immaculée, est infiniment plus accessible.
Le culte marial révèle clairement le conflit entre la religion populaire et la prédication de l’Évangile de Saint Paul, Saint Augustin et Luther. Comment articuler les aspirations religieuses, spontanées et naturelles, des hommes en mal de consolation avec l’enseignement évangélique et dogmatique fondé sur la mort et la résurrection du Christ tel que l’a élaboré Saint Paul en particulier ? L’Église catholique, à tort ou à raison, a voulu ménager la chèvre de la piété populaire et le chou de la théologie néo-testamentaire et officielle. Le Protestantisme, lui, à tort ou à raison, a opté pour le rejet des aspirations des petits et des pauvres et pour le respect de l’intégrisme de Saint Paul. Qui a tort ? Qui a raison ? Dieu seul le sait.
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