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La théologie du roquefort

  La moisissure est une bien vilaine chose. Il nous faut la combattre partout, dans nos maisons, nos réfrigérateurs, nos villes, et sans doute dans nos pensées aussi. Et pourtant, j’aime les champignons et j’aime le roquefort, tous deux moisissures…

  La mondialisation est une bien vilaine chose. Elle détruit nos emplois et formate nos pensées et nos désirs, nos goûts et nos espaces de vie. Et pourtant le christianisme est une religion à vocation « universelle », et donc « mondialisée »…

  Bref, tout dépend de notre point de vue. Il n’est de réel que regardé, interprété. Nous ne sommes d’ailleurs pas obligés d’avoir tous le même point de vue. Si l’on revient aux moisissures, je pense ne jamais goûter du beurre rance servi dans du thé, selon la tradition tibétaine. Remarquez, je doute que le tibétain apprécie mon roquefort… Des goûts, des couleurs, des points de vue.

  Lorsque j’étais enfant, j’avais une certaine « vision » de Dieu (je vous rassure, à propos de « vision », je n’étais pas Sainte Thérèse d’Avila…). Aujourd’hui, le moins que l’on puisse dire est que mon point de vue, mon interprétation a changé. Ma vie n’est pas une ligne droite sans nouvelle saveur ni nouvelle découverte. Dans les récits des évangiles, ce qui me frappe toujours, ce sont ces hommes et ces femmes qui sont « figés » dans une histoire (qui souvent les a exclus, par leur infirmité ou leur vie) et qui « se lèvent » et repartent en ayant « changé de point de vue ». Ils se sont « convertis ». Et parfois aussi dans nos existences, ce qui nous paraissait moche devient beau… et inversement. Je mets au défi quiconque de trouver beaux nos papiers peints psychédéliques marron et orange des années 70 devant lesquels nous nous pâmions alors. Une vraie conversion !

  L’histoire de la théologie suit cette évolution : l’hérésie d’hier devient l’orthodoxie d’aujourd’hui, et inversement. La théologie, c’est comme le roquefort : il faut en apprécier le vieillissement et la vigueur toujours nouvelle…

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À propos Jean-Marie de Bourqueney

est pasteur de l’Église protestante unie. Il est actuellement à Paris-Batignolles. Il est notamment intéressé par le dialogue interreligieux et par la théologie du Process.

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