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Agora

La ville  est à feu et à sang car différentes factions s’opposent au sujet de leurs croyances: les païens, les chrétiens, les juifs et les chercheurs. Réfugiée dans la Grande Bibliothèque, Hypatie, brillante astronome grecque enseignant les sciences et la philosophie en Egypte, tente de préserver la connaissance et le savoir d’une guerre civile sous-jacente. Parmi ses disciples, deux hommes se disputent ses faveurs : Oreste, futur préfet de la ville, et Davus, esclave bientôt converti au christianisme. Ces trois personnages vont bientôt s’entredéchirer avec la montée en puissance des Chrétiens et le conflit armé qui gangrène la Cité.

    Le cinéaste Alejandro Amenabar nous convie à une grande fresque historique marquée par le lyrisme d’une mise en scène imposante et une composante romantique avec le triangle amoureux impossible des trois personnages principaux. Le tout est enveloppé dans une musique de circonstances parfois pompeuse.

    Ce péplum traite en fait un problème de fond qui marque encore aujourd’hui notre actualité. C’est une étude de la montée de  l’intolérance qui anéantit la société, en l’occurrence celle d’Alexandrie. Hypatie tente d’expliquer le mouvement des planètes mais elle se heurte à l’obscurantisme qui s’oppose à toute connaissance scientifique et veille à ce que l’humain reste dans l’ignorance. Dans ce milieu  très masculin, elle constitue une cible importante qu’il faut détruire à tout prix : les chrétiens radicaux menés par le patriarche Cyrille, voient d’un mauvais œil l’influence qu’a toujours Hypatie sur le préfet Oreste et ajoutent alors à leur antisémitisme primitif (« Ils ont tué le Christ ») une misogynie découlant d’une lecture partisane de la Bible : « Y avait-t-il une femme parmi les 12 disciples de Jésus ? ». Le spectateur pense aux siècles de lutte entre les chercheurs et l’Eglise qui reste, encore de nos jours, enlisée dans ses principes et le créationnisme qui nie l’évolution darwiniste. Le conflit est exacerbé par les fondamentalismes et fanatiques qui imposent leur foi par la force et l’horreur.

    Amenabar est un réalisateur qui a fait ses preuves mais qui n’a jamais travaillé dans ce genre cinématographique peu répandu et réservé à d’autres compte tenu des moyens nécessaires, par exemple Alexandre d’Oliver Stone.  Avec un budget raisonnable il réalise une grande fresque historique dont les effets visuels sont bluffant de réalisme et la mise en scène très étudiée : rues de cette citée tentaculaire où coexiste plèbe et opulence, prises en plongée pour souligner la portée planétaire des enjeux qui se déroulent  sur ce petit terrain en bordure de mer…

    Le spectateur qui n’est pas allergique au péplum, a la possibilité de se plonger avec satisfaction et intérêt dans l’Egypte ancienne.

                                                                      

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À propos Pierre Nambot

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