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Des animaux et des humains

Le Seigneur Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je vais lui faire une aide qui sera son vis-à-vis. Le Seigneur Dieu façonna de la terre tous les animaux de la campagne et tous les oiseaux du ciel. Il les amena vers l’homme pour voir comment il les appellerait, afin que tout être vivant porte le nom dont l’homme l’appellerait. L’homme appela de leur nom toutes les bêtes, les oiseaux du ciel et les animaux de la campagne ; mais pour un homme, il ne trouva d’aide qui fût son vis-à-vis (Genèse 2.18-20, NBS).

Pour ce texte, la solitude humaine n’est pas bonne. Pour y remédier, Dieu projette de faire une aide pour l’homme qui soit de même espèce que lui et qui lui corresponde. Mais, pour réaliser ce projet, il commence par façonner des animaux à partir de la terre, le matériau qui a servi à façonner l’humain.

Ce texte semble antispéciste[1] : les animaux  sont présentés comme appartenant à la même espèce que les humains et donc en mesure d’entretenir des relations avec eux. Ils ne sont pas des objets, mais des partenaires.

Pourtant, quand Dieu présente ces nouvelles créatures à l’humain pour qu’il les nomme, il ne trouve pas parmi elles la créature qui corresponde au projet divin.

Cette fois-ci le texte semble plutôt spéciste, et donc faire une différence nette entre les animaux et les humains. En observant ces créatures pour pouvoir les nommer, l’humain s’est interrogé sur les types de relation qu’il pourrait entretenir avec elles. Ce faisant, il a compris qu’aucune de ces nouvelles créatures n’était comme lui, humaine. Il a perçu à la fois leurs points communs et leurs différences.

S’ils doivent contribuer à briser la solitude de l’homme, ce texte nous dit donc que les animaux sont dignes et donc que l’homme ne peut pas en faire ce qu’il veut.

En tout cas, le défi de nommer les animaux est révélateur d’une capacité que Dieu a donné à l’humain et qui, apparemment, n’appartient qu’à lui. Il est capable d’observer, d’analyser, de comparer et de trouver le nom approprié pour rendre compte des caractéristiques observées de chacun. Bref il a des compétences scientifiques.

Ce texte dit la déception de l’humain : il n’a pas trouvé l’être capable de partager sa langue et sa capacité à nommer, l’être qui corresponde au projet divin.

Alors le Seigneur Dieu fit tomber une torpeur sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Le Seigneur Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise à l’homme, et il l’amena vers l’homme. L »homme dit : Cette fois, c’est l’os de mes os, la chair de ma chair. N l’appellera « femme » car c’est de l’homme qu’elle a été prise (Genèse 2.21-23).

Alors le créateur se remet au travail. Cette fois-ci, il opère en anesthésiste puis en chirurgien et prélève une partie du côté de l’être humain.

Puis à partir de cette biopsie, il façonne une nouvelle créature. Et là, le texte précise comment l’être humain sorti de la salle de réveil, désigne le nouvel être que le créateur lui présente. Il y reconnaît le projet que Dieu avait imaginé. Cet être qu’il vient d’observer attentivement est, dit-il,  chair de ma chair et os de mes os, et il lui donc un nom : humaine et explique ce choix parce qu’elle a été tirée de l’humain. Il a compris que c’est quelqu’un qui a, comme lui, la capacité d’observer, d’analyser et donc de nommer. Le texte ne dit pas  combien de temps il lui a fallu pour tomber amoureux d’elle, mais j’imagine qu’il a eu le coup de foudre immédiat.

L’humain reconnaît maintenant celle qui lui est semblable, donc qui appartient à l’espèce humaine, tout en étant différente de lui. La femme est humaine : elle possède toutes les caractéristiques des humains.

Texte spéciste ? Oui. Mais certainement pas favorable à l’exploitation humaine des animaux, encore moins des femmes.

[1] Les antispécistes rejettent la distinction entre l’espèce humaine et les espèces animales. Pour eux, les hommes comme les autres animaux appartiennent à la même espèce. Par opposition, les spécistes sont ceux qui pensent qu’il faut faire la distinction entre les humaines et les autres animaux.

 

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À propos Bernard Sauvagnat

Bernard Sauvagnat, Docteur ès Sciences religieuses (Strasbourg), est bibliste adventiste, doyen honoraire de la Faculté adventiste de Théologie.

Un commentaire

  1. alex5184@gmail.com'

    J’aime à poser la question : est-ce que les humaines sont animals ? c’est evident mais ça fait penser.

    Alex
    https://astudium.com/

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