Blocages

« Nous t’entendrons une autre fois » disent les athéniens à Paul après son discours sur l’Aréopage. Plus tard, le gouverneur Félix, après s’être entretenu avec Paul, lui déclare : « quand j’en trouverai le temps, je te rappellerai » (Actes des Apôtres, ch. 17 et 24). Dans les deux cas, le dialogue ne se noue pas. Après avoir écouté, courtoisement semble-t-il, celui qui parle, ses auditeurs se dérobent et reportent à plus tard la suite. Probablement, ils n’ont pas jugé crédibles ses propos. La méfiance et le soupçon l’ont emporté sur une apparente bonne volonté initiale.

Voilà qui m’évoque les conflits sociaux. Après un premier contact, on ne s’écoute plus. Chacun, à juste titre ou non, prête à son interlocuteur des intentions ou des arrière-pensées inavouées et voit dans le dialogue une comédie. On sait bien qu’il faudra finalement aboutir à une solution. Elle dépendra du rapport de forces plus que de la justesse des arguments : il s’agit donc de vaincre l’autre, de le faire plier, et non de construire avec lui une entente.

Qui a tort, qui a raison ? Paul, sûr de sa vérité, se montre-t-il trop arrogant ? Les athéniens et Félix sont-ils trop fermés à ce qui bouscule leurs habitudes ? Je n’en sais rien et ne suis pas qualifié pour répartir les responsabilités. Par contre, il me paraît évident qu’il vaudrait mieux se faire confiance. La confiance ne va pas de soi : se gagne-t-elle, se mérite-t-elle ? Peut-être, mais elle est surtout une grâce dont j’ai le sentiment qu’elle ne nous est guère donnée ces temps-ci.

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À propos André Gounelle

est pasteur, professeur honoraire de l’Institut Protestant de Théologie (Montpellier), auteur de nombreux livres, collaborateur depuis 50 ans d’Évangile et liberté.

2 commentaires

  1. contact@bibletude.org'

    Ce qui est frappant, en France, ce sont ces restes de l’avant-Révolution:
    – le Président est le Roi, c’est lui qui doit régler tous les problèmes
    – le chef d’entreprise, c’est le méchant: tout ce qu’il décide est douteux, même ce qui à terme est dans l’intérêt du travailleur
    – certains chefs, il est vrai, sont arrogants, et n’hésitent pas à délocaliser

    Le Français semble tout attendre du gouvernement, et ne se demande pas ce que lui-même pourrait faire pour améliorer les choses.

    De son côté, le gouvernement ne demande pratiquement jamais son opinion au peuple.

    Il existe en Europe un petit pays où les citoyens vont voter tous les 3 à 4 mois, sur plusieurs sujets. Dans ce même pays, il y a ce qu’on appelle « la paix du travail »: le patron respecte ses employés, qui eux font leur possible pour faire du bon boulot. Et ils sont bien payés, et ont une bonne retraite.

    Il arrive même que les travailleurs de ce petit pays décident d’eux-mêmes de faire des heures supplémentaires, pour respecter les délais de livraison.

    Qu’attendent les autres pays pour imiter ce petit pays ? C’est assez hallucinant: ça marche, pourquoi ne pas faire la même chose ?

  2. svejus@hotmail.fr'

    Bonjour Michel
    Vive la suisse … de culture protestante, liberté de nos choix dans la responsabilité de nos actes.

    Pour la France, une culture républicaine jacobine héritage direct de la monarchie absolue avec une présidence à l’image d’un souverain « pontife » du catholicisme Romain dans un contexte de l’ancien régime.
    Malgré les apparences, nous en sommes toujours là; la culture et la tradition (bonne ou mauvaise) ont la peau dure !
    Fonctionnement d’une société uniquement sous rapport de force,où l’on rechigne par soif de concentration à la délégation et/ou au partage du pouvoir, système qui par ailleurs favorise le clientélisme où ce n’est à ceux qui sont dans le droit à qui on rend justice, mais à ceux qui « gueules  » le plus.

    il ne faut pas s’étonner dans ces conditions d’un dialogue … de sourd

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