Fièvre

 

Coup de chaud et délire, voilà comment m’apparaît cette affaire du burkini. Qu’un vêtement de bain enflamme à ce point les esprits est à la fois ridicule et symptomatique. D’un côté comme de l’autre, les arguments sont fragiles, plus passionnés que réfléchis. Sert-on la cause des femmes en les soumettant à des interdictions ? Le burkini, invention australienne condamnée par les islamistes radicaux, est-il le signe d’une islamisation envahissante ? La laïcité française ne garantit-elle pas expressément le droit de manifester publiquement sa religion ? Une culture et une identité qui imposeraient un conformisme totalitaire méritent-elles qu’on les défende? L’autorité de l’État et les libertés individuelles sont-elles vraiment en cause ? Ces femmes portent le burkini pour de raisons certainement mauvaises. Les réactions n’en sont pas moins démesurées.

Cette agitation me semble témoigner d’une société où on a de la peine à s’accepter et à se supporter mutuellement, d’une nation que fracturent des angoisses avivées par le terrorisme, d’une classe politique qui à l’approche de l’élection présidentielle ne songe qu’à s’étriper. Ce que nous vivons me fait penser à la vision qui ouvre le livre du prophète Jérémie : une chaudière bouillante, dont les jets de vapeur risquent de brûler tout le monde et qui menace d’exploser. Jérémie voit aussi une branche d’amandier qui symbolise la paix et l’espérance. Que la peur de la chaudière ne nous empêche pas de cultiver avec persévérance des amandiers en fleurs.

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À propos André Gounelle

est pasteur, professeur honoraire de l’Institut Protestant de Théologie (Montpellier), auteur de nombreux livres, collaborateur depuis 50 ans d’Évangile et liberté.

2 commentaires

  1. CLOBUS.MARIEMADELAINE@GMAIL.COM'
    CLOBUS MARIE MADELEINE

    Le maillot n’est pas en cause; ce qui compte, c’est l’attitude dirigiste vis-à-vis des femmes, la façon dont on les dissimule comme « objets de tentation », qui est pour moi inacceptable. Il est choquant aussi de penser que, sans cette couverture, la femme serait convoitée et mise en danger par n’importe quel homme qui passe : c’est injurieux pour les hommes aussi. Enfin, cela crée une distance entre les femmes qui s’habillent normalement et celles qui, par ce vêtement, sont supposées plus pudiques et plus respectables que nous.

    Donc, le vêtement en lui-même n’a aucune importance mais bien ce qui se cache derrière !

  2. mlefeuvre@club-internet.fr'

    Un autre point de vue
    1) 1…10…20…50…100 … etc… femmes en burkini sur la plage de vos vacances. Est-on encore chez soi ? N’est-ce pas une invasion d’une autre culture dans notre propre pays ? La Laïcité accepte-t-elle le port de signes religieux à l’extérieur de chez soi ?
    Réponse : « Dans l’espace public, que ce soit dans la rue, les transports en commun, les commerces ou encore les centres commerciaux, chacun a le droit de porter un signe religieux ou le voile. La neutralité s’impose en effet à l’État et à ses représentants, mais pas aux usagers ni aux citoyens à l’intérieur des établissements publics, dont les écoles. Depuis la loi de 2010, il est toutefois interdit de «porter une tenue destinée à dissimuler son visage» dans l’espace public – le voile intégral est ainsi interdit. »
    2) Il est vrai que « l’on a de la peine à se supporter mutuellement »…pourquoi ? En effet, tout ce qui nous élève nous rend heureux ; au contraire de tout ce qui nous abaisse. Voir ce qui nous abaisse constamment nous rend donc malheureux, hostiles. Les valeurs sont inversées chez nous et dans l’Islamisme. La tolérance devient alors plus difficile. Le seul remède est d’arrêter l’invasion, principalement musulmane, car on peut supporter une culture étrangère chez soi, qui a ses limites, mais pas, à long terme, un « remplacement » et une « soumission ».

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