La laïcité est saine et la France n’est pas assez laïque. C’est le pape qui vient de le dire. En 1892, quand son prédécesseur Léon XIII conseilla timidement à l’épiscopat français d’accepter la République, le bruit avait couru que les francs-maçons avaient réussi à installer un des leurs sur le trône pontifical (voir Les caves du Vatican d’André Gide). Et voilà maintenant, on s’en réjouit, un pape qui fait l’éloge de la laïcité !
Cet éloge enveloppe une critique : la laïcité française ne serait pas vraiment laïque, parce que trop inspirée par les Lumières et hostile à la foi. C’est vrai qu’en France la laïcité est parfois (pas toujours) antireligieuse. Mais la responsabilité en incombe beaucoup plus à la politique de l’Église catholique qu’aux Lumières. Le pape reproche aux autres les conséquences des erreurs passées de son Église !
Les protestants français, dans leur majorité, ont vu dans République laïque non pas une ennemie, mais une alliée. Alliée parce qu’elle leur a garanti une liberté de conscience qui leur a été longtemps refusée. Alliée parce qu’elle aide les religions à être vraiment religieuses et les empêche de se transformer en un système impérialiste d’endoctrinement et de domination. Les protestants ont aussi eu conscience de rendre service à la laïcité en lui montrant que défendre la neutralité de l’espace public n’obligeait pas à le fermer aux expressions et manifestations du religieux, et en la détournant de devenir une idéologie totalitaire.
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