L’Exercice de l’Etat a été présenté dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2011. C’est le 2ème L.M. du réalisateur Pierre Schoeller qui devrait être aussi la second volet d’une trilogie : le 1er volet, Versailles est un film sur les privilégiés et les exclus, L’exercice de l’Etat traite du pouvoir et aussi sur une certaine impuissance française du politique quant au 3ème il devrait porter sur la Révolution française.
Le prologue est déconcertant avec sa dimension fantasmatique et érotique (huissiers encagoulés, une femme nue qui se met dans la gueule d’un crocodile). Qu’est-ce que le cinéaste a voulu nous dire ? Que le pouvoir des politiques induits des rêves voire des désirs et donc des risques ? Que les politiques se mettent quelques fois dans « la gueule du loup » ? Que les huissiers sont impersonnels et ressemblent à des fantômes ? Tout simplement nous déranger et nous mettre d’entrée en conditions pour des questionnements futurs ? A chacun d’émettre son hypothèse !
Pierre Schoeller plonge le spectateur d’une façon palpitante dans les arcanes du pouvoir d’un ministre des transports interprété remarquablement par Olivier Gourmet. En suivant les pérégrinations du ministre, nous sommes au cœur des structures politiques, du questionnement sur l’inévitable rapport entre l’homme et le pouvoir et des conséquences relatives aux « grandes » décisions. C’est une situation chaotique, fiévreuse, brouillonne car le ministre fait face de tous les fronts et assume beaucoup de rôles. Alors qu’il devrait gouverner, il cherche souvent le gouvernail. Il y a des dérapages, des « sorties de route » que souligne Schoeller par de nombreuses métaphores (accident, avaler de travers…). Il faut aussi obéir les yeux fermés (métaphore sur la formation du chauffeur).
Pierre Schoeller s’amuse avec brio à démonter ces mécanismes et le spectateur, à travers ce film, accède à une semi-réalité qui lui échappe très souvent. Par exemple nous entendons les négociations entre le ministre et le préfet sur la logistique d’un de ses déplacements qui se négocie âprement. Lassé par toutes ces difficultés le collègue Woessner est prêt à passer au privé qui lui semble plus intéressant, plus facile, mais le chef de cabinet et son ministre ne se laissent pas influencer, ils ne veulent pas abandonner leur pouvoir même s’il est quelque fois tout relatif. A quels sacrifices sont-ils prêts ? Jusqu’où tiendront-ils car l’Etat dévore ceux qui le servent.
La mise en scène est bien faite, quelques fois le fond sonore est très fort au point d’occulter les dialogues comme pour nous dire que la politique fait souvent beaucoup de bruit pour rien ! Olivier Gourmet Michel Blanc et Zabou Breitman jouent merveilleusement bien.
Un film intéressant et passionnant car présenté comme un thriller.
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