L’homme est « vers la mort », affirme Heidegger. Il court à sa fin, à celle de sa personne et aussi à celle de sa nation, de sa civilisation, de ses semblables et de sa terre. Il mourra, son monde disparaîtra et il le sait. L’avenir a la figure sinistre de la destruction et de l’anéantissement.
Pour Hannah Arendt, si proche et si différente de Heidegger, l’homme se caractérise par l’enfantement ; il ne se contente pas de se reproduire, il engendre du nouveau, introduit des débuts. « Un enfant nous est né », cette phrase du prophète Esaïe (qu’étonnamment la philosophe juive attribue à l’évangile) dit que l’avenir a aussi le visage riant d’une promesse et d’une espérance.
« J’ai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie ». Cette injonction de Moïse est effrayante : comment être sûr, quand on choisit un métier, qu’on se marie, qu’on vote, etc. que notre décision aille dans le sens de la vie ? Qu’est-ce qui va vers la mort et qu’est-ce qui va vers l’enfantement ? Les fins et les débuts s’entremêlent inextricablement et le « bon choix » ne se laisse pas facilement discerner.
L’évangile nous soulage de nos angoisses en nous annonçant que Dieu a pris la décision de choisir pour nous la vie. Même quand nous optons pour la mort (en multipliant des croix), il enfante la vie (il ressuscite, fait surgir des existences nouvelles). La foi n’est pas, comme la fin de l’année, encombrée de vœux et de résolutions. Elle est confiance en celui qui garde, comme le dit à peu près le psalmiste, départs et arrivées.
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Oui. Nous avons le chemin qui nous mène à la vie et nous avons la miséricorde du Christ qui nous excuse
de prendre quelquefois le chemin le plus facile qui mène à la mort. Eros et Tanathos ?…