Quand j’en ai entendu pour la première fois parler, j’ai cru à une allusion au scandale de Panama qui autour de 1890 rendit publique la corruption d’une partie du personnel politique de notre pays. À l’époque, on dénonçait et pourchassait les « chéquards », qui avaient touché de l’argent pour favoriser les opérations douteuses d’une grande société en difficulté. Il s’agit certes aujourd’hui de tout autre chose. Il n’en demeure pas moins que les combines véreuses semblent affectionner certaines régions de notre globe, et qu’il y a des ressemblances, comme ces listes de noms qui circulent et que la presse dévoile, ruinant ainsi la réputation de ceux qui y figurent, tandis que d’autres ont la change d’échapper à la délation.
Aussi bien autrefois qu’aujourd’hui, on constate le décalage entre le légal et le juste. Avoir des sociétés off shore n’est pas, paraît-il, illégal ; mais leur possession répond à des mobiles le plus souvent foncièrement injustes : elles servent surtout à échapper à l’impôt ou à blanchir de l’argent sale. On a le droit, mais il est rarement juste d’avoir de telles sociétés. La justice ne se borne pas être en règle avec les textes juridiques en vigueur. Elle est plus profonde et relève de la conscience. Quitte à passer pour un affreux moraliste, je trouve essentiel, pour chacun de nous comme pour la société, de développer et de cultiver une conscience morale en quête d’une rectitude dont les exigences aillent au delà de la conformité formelle à la légalité.
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