L’exhortation apostolique La joie de l’amour du pape François comporte 321 paragraphes assez riches et denses. Je n’entends nullement la commenter et la discuter en quelques lignes ; ce ne serait pas sérieux et elle mérite mieux. Je note seulement ce que la presse a relevé : le pape veut adoucir l’attitude de l’Église catholique envers les divorcés remariés et les couples non mariés. Sans abolir les normes très rigides de naguère, il en préconise une application souple et humaine. On s’en réjouit.
Il semble, cependant, que le pape n’abandonne ni n’affaiblit le droit qu’aurait l’Église de juger (ou de « discerner », ce qui revient au même, mais l’exprime plus délicatement) ; a-t-il oublié ce qu’un jour il a dit « qui suis-je pour juger ? »
Le protestantisme a posé (trop souvent sans l’appliquer) le principe que le jugement appartient à Dieu seul, pas à l’Église. Elle a pour mission de prêcher, d’enseigner, d’interpeller, de prier et d’accompagner, et non d’absoudre ou de condamner. Quand elle accueille à la Cène, quand elle célèbre un mariage pour demander à Dieu de bénir un couple, elle ne délivre pas un « certificat de bonne vie et mœurs ». Sa fonction est autre : proclamer que Dieu offre sa grâce et sa paix à tous (personne n’en est exclu en raison de son passé ou de son présent) ; inviter à se placer sous le regard de Dieu, à écouter sa parole, à se laisser guider par lui. Elle est au service de celui qui a dit qu’il n’était pas venu juger, mais sauver.
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