Je partage l’émotion suscitée par le terrible accident de Puisseguin, ce qui ne m’empêche pas de m’interroger sur la manière dont les médias « couvrent l’événement ». Ils multiplient des émissions spéciales qui passent en boucle (sans craindre les « vaines redites ») des récits, des témoignages, des interviews, des déclarations sans grand intérêt ; ils sollicitent des experts qui déclarent n’avoir pas assez d’éléments pour se prononcer ; ils donnent l’antenne à des correspondants locaux bien embarrassés faute d’avoir de quoi nourrir leurs propos. Un immense bavardage vient enrober l’information proprement dite – et bien sûr, il n’y a plus de temps pour le reste de l’actualité. Thérapeutique contre des émotions trop fortes ou voyeurisme camouflé ? Je ne sais.
Je pense aux récits évangéliques. Ils ne bavardent guère (parfois on les souhaiterait plus prolixes); ils ne cherchent pas à satisfaire des curiosités légitimes ou déplacées. Ils s’en tiennent à l’essentiel ; ils ne cultivent pas une sensiblerie de plus ou moins bon aloi. On m’objectera que les prédications sont parfois bavardes. J’en doute : celles que j’entends sont plutôt denses et substantielles. Je n’accuse pas les journalistes ; ils doivent bien suivre les règles qu’on leur impose. Mais si un pasteur disait aussi peu de choses en tant de mots, j’en serais consterné. Le bavardage est l’ennemi d’une parole authentique; il remplace la communication et le sens par du bruit.
Pour faire un don, suivez ce lien