Pour 2015, le président de la République nous invite à la confiance, non pas en Dieu (ce serait la foi et ce n’est pas son affaire) ni en nos dirigeants, mais à la confiance en nous-mêmes, en notre capacité d’améliorer les choses. Je n’ai pas d’objection, bien au contraire. Quand l’évangile nous commande d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, il nous incite à nous aimer aussi nous-mêmes et donc à cultiver une certaine confiance en soi.
J’ai pourtant un bémol. Le contraire de la confiance n’est pas le dénigrement, mais la méfiance, la surveillance et le contrôle qui sont de très bonnes choses. La Réforme a eu lieu parce qu’on s’est méfié des enseignements et pratiques ecclésiastiques et qu’on a voulu les vérifier. Un régime démocratique implique une surveillance constante des gouvernants qu’on soumet régulièrement à des « questions de confiance » (votes et élections) ; elle ne doit jamais être acquise et aller de soi. La pensée, la science, les sociétés avancent parce qu’elles remettent constamment en cause les savoirs et principes reçus. Enfin, il importe de beaucoup se méfier de soi, de sa tendance à être satisfaits de ce qu’on fait et à croire qu’on a toujours raison.
Faisons confiance, mais que notre confiance reste critique et ne tombe pas dans la suffisance. Sachons aussi nous méfier, mais que nos méfiances nous dynamisent (en nous appelant à du mieux) et ne nous paralysent pas (en nous faisant croire que rien n’est possible).
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