Le pape Chenouda III est mort

 Elu primat de l’Eglise copte orthodoxe en 1971 et 117e successeur de l’évangéliste et père fondateur saint Marc, selon la tradition, « il a conduit d’une main de fer sa communauté confrontée à l’islamisation de la société égyptienne, écrit Libération. Durant 40 ans, il est passé de la confrontation à la conciliation avec le pouvoir en Egypte, un pays gagné par l’islamisme. Ces dernières années, il avait dû faire face à une montée des violences contre les Coptes – attentats ou affrontements meurtriers. »

On rappelle ses relations difficiles avec le défunt président Anouar al-Sadate, relations qui tournèrent rapidement à l’orage, car il était fermement opposé à la normalisation des relations de l’Egypte avec l’Etat hébreu décidée par le Président égyptien. Pour le punir de cette opposition, le pape Chenouda III avait été assigné à résidence de 1981 à 1985 au monastère copte d’Amba Bishoy, dans le désert du Wadi Natroum.

C’est le président égyptien Hosni Moubarak, successeur d’Anouar al Sadate assassiné, qui l’avait rétabli dans sa charge de chef de l’Eglise copte par décret et Chenouda III l’avait depuis toujours soutenu et l’on dit même qu’il était favorable à ce que le fils Moubarak succède à son père.
« La révolte populaire de janvier-février 2011 l’avait pris au dépourvu alors que nombre de ses fidèles étaient dans la rue pour réclamer le départ de M. Moubarak. Il laisse aujourd’hui une communauté inquiète face au raz-de-marée des partis islamistes aux récentes élections législatives. »

L’Eglise copte orthodoxe est l’une des plus anciennes Eglises chrétiennes au monde possédant son propre rite et constitue la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient. Les Coptes se considèrent comme les « vrais » Egyptiens, descendants de l’Egypte des pharaons.
Le mot copte est formé d’après le nom donné par les Grecs à l’Egypte (Aiguptios) coptita en latin et qibt en arabe.
La langue copte ne subsiste que dans la liturgie de l’Eglise copte orthodoxe, une Eglise autocéphale, c’est-à-dire totalement indépendante – son pape dans le cas de l’Eglise copte orthodoxe est la seule autorité.

La nouvelle de sa mort a provoqué la consternation parmi les membres de l’Eglise copte orthodoxe qu’il a dirigée pendant près de quatre décennies et des milliers de fidèles se sont rassemblés au Caire, entre autres, devant la cathédrale copte. Les dirigeants de la communauté musulmane en Egypte ont exprimé leur tristesse.
Son décès est « une grave calamité qui afflige l’Egypte tout entière et son noble peuple, musulmans et chrétiens », a déploré le mufti Ali Gomaa dans un communiqué et le Parti de la liberté et de la justice, issu des Frères musulmans, a présenté ses condoléances aux Coptes saluant le « grand rôle » de Chenouda III en Egypte.

Enfin, l’évêque anglican Mouneer Anis, du diocèse d’Egypte déclare, dans un communiqué : « [Chenouda III] était bien connu pour sa défense des droits des chrétiens, ce qui lui valu d’être mis en résidence surveillée au temps du Président Anouar Sadat […] Alors que l’Egypte connaît de nombreux changements politiques, ce n’est pas facile pour les Egyptiens chrétiens d’avoir perdu le pape Chenouda III, le père de l’Eglise en Egypte, à cette époque où le futur est incertain. »

Chenouda III avait été l’un des présidents du Conseil œcuménique des Eglises et du Conseil des Eglises du Moyen-Orient. Il sera enterré au monastère d’Amba Bishoy mardi 20 mars.

On peut espérer que, dans l’ambiance nouvelle suscitée par la Révolution égytienne, les coptes trouveront leur place de citoyens à part entière et n’auront pas peur de s’engager, y compris en politique. Et que le nouveau pape qu’ils vont élire, sera moins « politique » et plus enclin à écouter son peuple et qu’il saura établir des relations plus étroites avec les musulmans libéraux de son pays.

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