Dans les républiques présidentielles d’aujourd’hui, beaucoup de choses dépendent de la personnalité du chef de l’État. Il est normal que les citoyens en tiennent compte dans leur vote. Seul un angélisme naïf peut rêver qu’on écarte des campagnes électorales les questions de personnes.
Malheureusement, ces questions détériorent, jusqu’à les rendre sordides, les débats. Au lieu de discuter des programmes et des orientations, on y essaie par tous les moyens possibles de déconsidérer l’adversaire par des attaques et des rumeurs venimeuses. Elles sont peut-être plus brutales aux États-Unis, plus sournoises en France, mais la différence tient au style plutôt qu’au contenu.
La première République française (1795-1799) avait imaginé de mettre à sa tête un directoire de cinq membres. Le bilan en a été très mitigé. N’y a-t-il pas là, pourtant, une formule intéressante entre un régime d’assemblée trop anonyme et un gouvernement monarchique trop personnel ? Un collège présidentiel de plusieurs personnes liées par un pacte précis et non rééligibles comporte certes des risques ; en avons-nous moins avec un Président unique ? À Pierre tout seul sur le trône papal, je préfère le collectif restreint de Douze disciples, bien qu’il n’ait rien d’idéal et n’empêche pas tensions, dérapages et paralysie. J’ai conscience du total irréalisme politique de mes préférences, mais je constate aussi les échecs et dérives d’un réalisme apparemment plus raisonnable.
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