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Numéro 178-179
juin-juillet 2004
( sommaire )

Dieu et les animaux

Les animaux au paradis

Dans son Divan, Goethe imagine l'entrée des animaux au Paradis. Il rejoint là toute une tradition orientale qui donne aux animaux la parole sur les choses célestes. Ouvre paradigmatique de ce genre est le « Langage des oiseaux'> de 'Attâr. Comme le dit Marthe Bernus Taylor, «c'est l'histoire allégorique d'une lon-gue et périlleuse quête du contact direct et personnel de l'être avec la réalité supérieure. Les "pèlerins" sont des oiseaux, auxquels la huppe révèle l'existence de leur roi, le Sîmurgh qu'ils ne pourront atteindre qu'après une très long et dan-gereux périple. Beaucoup d'oiseaux trouvent bien sûr le prétexte pour ne pas se mettre en route. Seuls reviennent de cette quête de l'unité avec Dieu trente oiseaux qui se reconnaissent eux-mêmes comme la divinité et se noient finale-ment en un fana' (dans la tradition sufi: effacement, disparition) dans le Sîmurgh divin. » (in L'Étrange et le merveilleux en terres d'islam, Paris, RMN, 2001)

un oiseau

Il fut promis à quatre animaux aussi
D’entrer en Paradis,
Ils passent là l’année éternelle
Avec les saints et les justes.

Ici c’est un âne qui passe le premier,
Il s’avance d’un pas alerte :
Car Jésus dans la ville des prophètes
Est entré sur son dos.

D’un pas un peu craintif, un loup vient ensuite,
À qui Mahomet avait ordonné :
Laisse cette brebis à l’homme pauvre,
Tu peux prendre celle du riche.

Puis, frétillant, alerte et honnête,
Avec son honnête maître,
Voici le chien qui, avec lui, fidèlement,
Dormit le sommeil des sept Dormants.

Ici enfin, le chat d’Abouherrira
Ronronne auprès de son maître et le câline :
Car c’est toujours un animal sacré
Celui qu’a caressé le prophète.

Goethe, Le Divan
(Le livre du paradis)

Voici donc assemblés tous les oiseaux du monde, ceux des proches contrées et des pays lointains.

deux oiseauxIls se firent, à mi-voix, ces réflexions émues: «Est-il sur cette terre un royaume sans roi ? Aucun sauf un, le nôtre, et cela n'est pas bon. unissons-nous et cher-chons, trouvons enfin celui qui conduira nos vies. Sans lui, que sommes-nous? une foule sans âme, un peuple chaotique, un désordre ambulant!» Voilà ce qui fut dit en bruissements craintifs. Or, tandis qu'ils tenaient leur pépiant débat, la huppe s'avança au-devant des plumages. Un espoir impatient avivait son regard. Sur sa poitrine était inscrit le signe des chercheurs de vie et sur son front resplendissait la couronne de vérité. Elle distinguait le bien du mal. Elle connaissait le chemin juste. [...]

Suivez-moi donc, mes beaux oiseaux, et vous Le connaîtrez bientôt! Jetez au vent ces vanités, ces doutes qui vous paralysent, détournez-vous de ce démon qui grince en vous que rien ne vaut. Voulez-vous être délivrés du pesant souci de vous-mêmes ? Sur Lui seul jouez votre vie. Bien et mal ne sont que poussière sur le chemin du Tout-Aimant. Jetez au vent vos vieux habits! Que la route soit une fête, chantez, ne marchez pas, dansez. Je sais où trouver Sa demeure. Elle est derrière le mon Kâf. Et je connais son nom: Simorgh.

(Attar, La Conférence des oiseaux, adapt. H. Gougaud. Paris, SeuiL, 2002)

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