La vie est pleine de
surprises, bonnes ou mauvaises. La Bible aussi : ainsi les mages cherchant
un roi et trouvant
un enfant, Élie découvrant Dieu
dans le souffle fragile et non dans le tonnerre. Surprises, donc ! Mais
il semblerait que notre société actuelle ait plus de mal
à supporter les surprises. On y préfère les «
principes de précaution », les « guerres préventives
» (il faudra dailleurs que lon mexplique ce
concept !), le « risque zéro » ou le « zéro
défaut ». Bref tout devient tragiquement raisonnable :
les cadeaux danniversaire se font désormais sur des listes
programmées et, lété prochain, les français
continueront de préférer la mer à la montagne.
Cest comme ça !
Généralement
les protestants se reconnaissent bien dans cette société
sérieuse : ni fantaisie douteuse, ni émotion suspecte.
De la raison et de la rigueur ! Voilà les gages dune vérité
sociale et culturelle. Et pourtant, ne sommes-nous pas émus ou
surpris chaque jour dans notre vie ? Tout se passe comme si nous voulions
(particulièrement nous les protestants !) opposer le sérieux
et linutile. À ma gauche (ou à ma droite après
tout, devoir de neutralité politique oblige
) le sérieux
et son cortège de réflexions de haute volée, dactions
concrètes et efficaces, de foi emprunte de tradition et de recueillement.
À ma droite (ou à ma gauche, ibid
) linutile
et son magma de démagogies, de sensibleries inutiles et dhumour
sacrilège. Le choix est vite fait ! Et si nous nous trompions
Et si lémotion était, avec la réflexion et
laction, lun des trois piliers de la foi chrétienne.
Nulle tendance chrétienne na le monopole de lun de
ces piliers. Nous devons, avec nos accents libéraux douverture
et de réflexion, refuser de fermer la porte à lémotion.
Sinon, nous la laisserions cultiver dans les sphères religieuses
et médiatiques où lon sescrime, non sans succès,
à remplacer lintelligence par lémotionnel.
Or, lintelligence sans émotion est froide et déconnectée
de nos réalités tandis que lémotion «
pure » sans réflexion est simplement affligeante de bêtise.
Alors, au risque dêtre
discrédité par les plus « sérieux »
des lecteurs, javoue mon émotion intense devant un coucher
de soleil sur la rade de Marseille. Cela évoque pour moi, au
delà de linstant, une notion de léquilibre.
Javoue même mieux comprendre alors la théologie du
process et sa notion de dynamisme créateur de Dieu. Comme quoi,
on peut se laisser aller sans être complètement stupide