LIVRE Les Églises
protestantes et les Juifs
En ces temps de résurgence
de l’antisémitisme on lira avec profit ce petit livre qui
met en valeur à la fois les affinités électives
qui existent entre Juifs et protestants et les incompréhensions
mutuelles qui surgissent dans les débats et prises de position
à propos de l’État d’Israël, et qui proviennent
souvent de convictions théologiques différentes à
propos de la terre, de l’histoire et de la religion. Mais du présent
l’auteur remonte jusqu’aux Réformateurs Luther et Calvin,
en passant par ce qu’il intitule un siècle de solidarité,
depuis l’affaire Dreyfus jusqu’aux engagements pris en faveur
des Juifs persécutés pendant la seconde guerre mondiale,
et tout le travail de rapprochement qui a suivi. Sur le plan théologique,
plusieurs documents sont présentés qui, portant un regard
critique sur le traditionnel enseignement du mépris, lui opposent
désormais l’enseignement de l’estime, en reconnaissant
notamment que Dieu n’a jamais révoqué l’Alliance
qu’il avait conclue avec le peuple juif, et que la relation au
judaïsme fait partie de l’auto-compréhension que l’Église
a d’elle-même. 
Florence Taubmann
Michel Leplay,
Les Églises protestantes et les Juifs face à l’antisémitisme
au vingtième siècle,
Olivétan, 2006
En
librairie
LIVRE L’esprit
de l’athéisme
« Dans le christianisme, tout
est vrai, sauf le bon Dieu. » Cette phrase, tirée d’un
autre livre de Comte-Sponville, définit assez bien sa position.
Il a une appréciation plutôt positive de la religion, même
s’il n’en partage pas les croyances. Il ne la confond pas
avec la superstition, l’obscurantisme, ou l’intolérance
fanatique. Il ne cache nullement qu’il lui doit les valeurs morales
qu’il défend et il estime que son athéisme ne les
détruit pas ni ne les affaiblit. Sa spiritualité sans
Dieu adopte bien des thèmes du christianisme classique (mais
pas celui de l’espérance, trop réduite à l’attente
d’une vie après la mort). La démarche respectueuse
des autres et soucieuse d’intelligibilité est sympathique.
Mais, à l’exception de quelques remarques pénétrantes,
le livre ne dépasse guère le niveau des banalités.
Comte-Sponville ignore trop la réflexion théologique ;
elle ne l’aurait certainement pas rendu croyant, mais elle l’aurait
obligé à donner plus d’épaisseur, de profondeur
et d’ampleur à son argumentation.
André Gounelle
André Comte-Sponville,
L’esprit de l’athéisme. Introduction à une spiritualité
sans Dieu.
Albin Michel, 2006.
En
librairie
LIVRE La Suisse et
son histoire en un clin d’œil
Sept millions d’habitants,
vingt-six états, quatre langues, deux confessions (catholicisme
et protestantisme) à égalité, ou quasiment, mais
inégalement réparties sur son territoire : la Suisse
a de quoi décourager ceux qui cherchent à en comprendre
le fonctionnement intérieur. Pour y parvenir, fût-ce
un peu, il faut en passer par un coup d’œil sur son histoire.
Joëlle Kunz, une journaliste, propose juste un clin d’œil,
mais particulièrement judicieux et bien informé. En
quelque 180 pages alertes, bien écrites et richement illustrées,
elle retrace d’abord les traits marquants de l’histoire
d’un pays qui s’est constitué par étapes,
aussi bien au gré de son opposition au Saint-Empire que du
surgissement de la Réforme et des intérêts bien
compris de la France ; elle signale les enjeux économiques
de toute l’affaire et finit son parcours en évoquant la
destinée fortement typée des principales villes (Genève,
Zurich, Berne, Bâle, Fribourg, Neuchâtel et Lausanne).
À chaque fois, on y rencontre la trace des Huguenots qui y
ont trouvé refuge et ont contribué à l’épanouissement
du pays.
Bernard Reymond
