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Numéro 200 - Juin 2006
( sommaire )

Billet

Théologie du rasoir

On ne le dira jamais assez : avant la révolution du téléphone portable, qui a individualisé la communication, il y eut la révolution du rasoir « jetable ». Souvenez-vous, c’était hier. Révolution de la modernité pour les uns, grand gâchis pour les autres. Il y eut de vrais débats sur le sujet ! C’était hier, et cela nous paraît pourtant si loin… Aujourd’hui tout est jetable : l’ordinateur (qui vaut pourtant une fortune), la montre, le téléphone, les porte-avions… Même les personnes sont jetables : 50 % de divorces, contrats de travail précaires, travail au noir, esclavagisme des populations fragiles, ministres « fusibles » (jolie expression pour un être humain !), … Ce monde de l’éphémère angoissé, que certains appellent « l’hypermodernité », ne nous invite guère à l’élaboration de perspectives…

Mais il est un domaine où, peut-être, la notion de « jetable » a du bon : la théologie ! D’abord parce que bien des théologies doivent être jetées, tant elles sont éloignées de l’amour prêché par le Christ. Mais allons plus loin : est-ce que, intrinsèquement, toute théologie n’est pas vouée à l’éphémère et à la corbeille ? Une « théologie » est une « parole sur Dieu ». Peut-on LE dire de manière infaillible, universelle et éternelle ? Je crois plutôt que chaque théologie, si enracinée soit-elle dans l’histoire qui la précède, est une parole forcément contextuelle et donc jetable. Pense-t-on Dieu ou l’être humain aujourd’hui comme aux temps d’Augustin, de Thomas d’Aquin ou de Calvin ? Toute théologie se risque à la précarité. Ce devrait être le secret de son humilité. L’arrogance appartient à ceux qui disent le « définitif ». Jésus lui-même s’est adressé à des personnes précises, Paul à des Églises différentes.

Chaque livre de théologie pourrait commencer par la première phrase des Nourritures Terrestres d’André Gide :

« Et quand tu m’auras lu, jette ce livre, et sors.
Je voudrais qu’il t’eût donné le désir de sortir –
sortir de n’importe où, de ta ville, de ta famille,
de ta chambre, de ta pensée. » feuille

Jean-Marie de Bourqueney

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